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Dans son troisième album, l’artiste française fustige racisme, sexisme et autres maux, au son d’un caravansérail musical exaltant où cohabitent chanson française, électro, dubstep et délices orientaux. « Il faudrait rester cool / Alors qu’on coule, coule », chante cette interprète aux multiples facettes… Entretien.

L’interprète, auteure, compositrice et actrice française publie un disque puissant, qui concilie science et conscience. Sa gouaille et ses rimes en bataille font de Folies berbères l’album idéal pour reprendre des forces, et repartir au combat en chantant. ­Karimouche a signé les paroles de sept des onze titres avec l’émérite R.Wan (de Java), en outre invité sur un morceau. Dans Princesses, la Brésilienne Flavia Coelho se joint à elle. Le clip, qui débute avec des slogans ­muraux (comme « Ras le viol ») convie nombre d’artistes – Aïssa Maïga, Awa Ly, Zaza Fournier, Carmen Maria Vega… Il distille le message avec autant de vitriol que d’humour. Réalisé par l’ingénieux Tom Fire, le disque ­présente un caravansérail musical où cohabitent à merveille chanson française, électro, dubstep, afro-trap, délices orientaux et brises soufflées par l’ancestral hautbois ghaïta.

Avez-vous écrit la chanson Apocalypse Now avant la pandémie ? Elle entre en totale résonance avec la situation prévalant depuis un an : « Il faudrait rester cool / Alors qu’on coule, coule »…

Karimouche Je l’ai écrite avec R.Wan alors que personne ne pouvait imaginer qu’adviendrait une pareille crise sanitaire et économique. Nous y dressions un tableau de l’état de la société qui, depuis, s’est encore dégradé. La majeure partie de la population affronte des problèmes d’une gravité sans précédent. Dans un couplet, je dis : « On patauge dans l’marécage ». Oui, le bateau coule à tous les étages – santé, travail, environnement, logement… Ce sont les plus précaires qui paient le plus cher l’addition. Et on nous demande de rester cool alors que tout part en c… !

Je suis bien placée pour constater l’insuffisance du soutien à l’égard des étudiants. Mon fils de 17 ans, qui a obtenu un bac pro de cuisine, est entré dans une école peu avant le deuxième confinement. Mais, les restaurants étant fermés, impossible pour lui de trouver un stage. Une semaine sur deux, il est livré à lui-même, alors qu’il pourrait préparer des repas pour les SDF, les cantines des écoles… Les ­autorités devraient mettre au point des alternatives. Les précieuses années où l’on se sociabilise, où l’on apprend à devenir adulte, sont volées aux jeunes. Je me fais du souci pour eux. J’ai tenu à la participation d’une belle ribambelle de jeunes danseurs dans le clip d’Apocalypse Now, j’admire leur niaque, leur volonté de s’en sortir envers et contre tout.

Dans la Promesse de Marianne, vous ­interpellez la République et ses manquements : « Jolie Marianne, te souviens-tu de ta promesse ? / Liberté, Égalité, Fraternité / J’avais le carton d’invitation pour ta kermesse / Pourquoi t’as pas voulu me laisser rentrer ? ». Il a fallu désactiver les commentaires du clip sur le Net…

Karimouche Lorsque des personnes issues de l’immigration, plus précisément d’anciennes colonies, revendiquent justice et égalité, elles deviennent souvent, sur les réseaux sociaux, les cibles de violentes insultes. Dans ce texte, que j’ai signé avec l’auteur, acteur et ­metteur en scène Jacques Chambon, je parle de notre pays, la France. Dans la première partie, Marianne est la meilleure amie de la fillette que j’évoque. La chanson narre le destin de trois personnages, une petite fille, une mère de famille et, à la fin, un chibani, sa solitude, « ses copains tombés au champ d’oubli », sa ­détresse matérielle et morale. Mon cœur se serre quand j’aperçois, assis sur un banc, un vieux chibani esseulé.

Vous pensez aussi à vos parents et grands-parents ? Ils ont vécu la douleur de l’exil…

Karimouche Oui. Et le poids épuisant d’une légitimité à prouver constamment. Même si nous sommes nés en France, nous ­devons sans cesse nous justifier. Quand j’étais gosse, mon grand-père, qui n’avait pas pu aller à l’école, voulait que j’apprenne le dictionnaire en entier ! « Apprends un mot chaque jour », me répétait-il. Car, pour lui, ça me permettrait d’être acceptée et de réussir. Mon père, qui ne lisait pas de livre, m’a bouleversée le jour où il m’a lancé : « Ma fille, tu seras écrivaine. » 

Fara C. Source l'Humanité

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