Imaginez un monde de silence, où plus une seule note de musique ne
résonne. En Afghanistan, c’est pourtant devenu la norme. En août 2021,
lorsque les Talibans reprennent le pouvoir, une des premières mesures
imposées est l’interdiction de jouer de la musique en public.
Jugée immoral, la musique est interdite de toutes les sphères de la
vie. Car derrière “public” il faut voir large et penser jusqu’au moindre
rassemblement de famille ou retrouvailles entre amis.
À deux semaines de ce funeste anniversaire, dans la province
occidentale d’Hérat, des images de bûchers alimentés par des instruments
nous sont parvenues.
L’art pris pour cible
Ces interdictions ne s’arrêtent pas seulement à la musique. Bien au
contraire. Ce sont tous les arts qui sont dans le viseur des Talibans.
L’arrestation ou la mort de certains artistes ont provoqué la fuite de
beaucoup d’autres.
Les principales raisons de cet acharnement sont l’effet émancipateur
de la culture et sa capacité à se présenter comme un contre-pouvoir.
Ces deux effets sont sûrement la hantise des Talibans, car un peuple
émancipé, qui se cultive par autre chose que la doctrine imposée par le
gouvernement, est un peuple qui peut se révolter.
L’art et la culture, des outils de résistance.
Dans toutes les dictatures, l’art et la culture sont perçus comme des
menaces, comme un outil puissant pour dénoncer et rejeter le pouvoir en
place. Quel dictateur aimerait voir du street-art ou un chant dénonçant
son régime ?
C’est pourquoi, avec l’éducation, ce sont les deux choses qui sont
interdites ou contrôlées dès le début. Car l’éducation est aussi une
arme. Et ça, les Talibans l’ont bien compris en interdisant les portes
de l’université aux femmes.
Pour continuer à lutter malgré l’exil, des artistes font vivre leur art.
Un danseur palestinien qui exprime l’oppression de son peuple sur
scène, des artistes plastiques qui dénoncent le régime afghan ou encore
des groupes qui font perdurer les musiques traditionnelles.
Nombreuses sont les formes de résistance par les artistes.