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Avec la réunion exceptionnelle d’une quarantaine de ses œuvres, le musée Jacquemart-André à Paris retrace la carrière du maître florentin, mais aussi son activité de chef d’un atelier prolifique.
Cette fine découpe du visage, le dessin délicat des yeux et des lèvres, les longues chevelures blondes et ondulées qui ne cachent que pour mieux révéler. C’est toute la grâce inimitable de Sandro Botticelli (1445-1510), le peintre emblématique de la Florence des Médicis et du plus célèbre d’entre eux, Laurent le Magnifique, à la fois mécène et (relatif) humaniste, tourné vers les arts et… l’argent, les Médicis étant d’abord des banquiers qui en tiennent leur pouvoir.
Curieusement pourtant, l’exposition s’annonce sous le titre « Botticelli, artiste et designer », ce qui est indiscutablement une dyschromie mais n’en convient pas moins à une certaine réalité. Formé par Filippo Lippi, de qui il tient déjà de beaux profils de femmes aux yeux clairs comme transparents, et par Verrocchio, le jeune homme témoigne d’un génie précoce, évident dès la première salle du parcours consacrée à ses œuvres de jeunesse. Il n’a que 20 ans quand il crée son propre atelier au rez-de-chaussée de la maison de son père. Florence est une ville riche où règne une véritable effervescence artistique avec de nombreuses commandes de l’Église, des princes et des familles nobles, des bourgeois.

Du biblique au profane

Les ateliers des artistes sont, comme dans toute l’Europe et particulièrement aux Pays-Bas, des entreprises. Le chef d’atelier donne ses indications, trace les grandes lignes, exécute au besoin une figure difficile, son propre talent étant aussi le gage de sa crédibilité. Botticelli aura ainsi pour principal collaborateur Filippino Lippi, le fils de son ancien maître, et ils réaliseront ensemble plusieurs œuvres, dont des panneaux illustrant l’histoire d’Esther, qui aurait évité la mort du peuple juif de Juda en intercédant auprès de son époux, le roi Assuérus. Les commandes de sujets bibliques sont nombreuses, aussi bien que celles directement chrétiennes avec Jésus, une foultitude de Vierge à l’enfant. Mais la cour des Médicis a une vision large. Les mondes grec et romain y revivent, et avec eux, les sujets profanes, dont ceux tirés des Métamorphoses, d’Ovide. Les artistes passent avec aisance des uns aux autres.

Le peintre Florentin a collaboré à la première édition illustrée de La Divine Comédie.

C’est dire, au risque de se répéter, que la figure de l’artiste créant une œuvre géniale dans la solitude de sa mansarde, si elle a existé, et Picasso en est un exemple lumineux avec les Demoiselles d’Avignon, n’en est pas moins datée en tant que courte période de l’histoire de l’art. D’autant, dans le cas de Botticelli, que son atelier travaille aussi dans le domaine des arts appliqués. Il a, en plus de son apprentissage de peintre, une formation d’orfèvre, et il aborde tous les domaines de la production artistique de son temps, de la tapisserie à la marqueterie. Il crée ainsi un répertoire de figures et de motifs destinés à être reproduits pour honorer au plus vite les commandes.

Dans le même temps, et alors que La Divine Comédie de Dante se diffuse dans le cercle des Médicis, il va collaborer à la première édition illustrée du poème. Il peint lui-même des portraits (Julien de Médicis vers 1478-1480) caractérisés par ce que l’on pourrait appeler déjà un minimalisme du trait et de la couleur. Rouge, noir, sur le bleu intense du ciel.

Mort infirme et misérable

Au sein de toute cette activité, pour le bonheur sans doute des nombreux amoureux de Vénus, celle qui sort des eaux, debout sur sa coquille Saint-Jacques, a des sœurs. Deux d’entre elles sont présentes dans l’exposition, venant de Berlin et de Turin. Là encore, elles sont la répétition d’un modèle avec quelques modifications. Ainsi, celle de Turin est-elle enveloppée d’un voile parfaitement hypocrite, mais dans la même attitude légèrement déhanchée, le regard rêveur. Il y aurait eu à l’époque, dans les riches demeures, de nombreuses femmes nues.

Botticelli devra toutefois s’assagir avec la prise de pouvoir du moine Savonarole en 1494, qui condamne la licence et les œuvres d’art profanes, ce qui ne lui réussira pas vraiment puisqu’il sera excommunié et brûlé quatre ans plus tard. Quelques œuvres de cette dernière période sont également présentes dans l’exposition.

En 1510, Botticelli, selon le grand historien d’art du XVIsiècle Giorgio Vasari, serait mort infirme et misérable sans que l’on en connaisse vraiment les raisons, et le récit de ses dernières années. Longtemps éclipsé, il est redécouvert au XIXe siècle. Sans lui, Vénus et le Printemps n’auraient pas la même beauté.

Botticelli, artiste et designer , au Musée Jacquemart-André à Paris, jusqu’au 24 janvier. Catalogue édité par Culturespaces et le Fonds Mercator. 35 euros.

Source L'Humanité, Maurice Ulrich

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