Commémoration au mur des fédérés : la Commune n'est pas morte
Des centaines de drapeaux rouges déferlent sur le cimetière du Père-Lachaise. Le peuple de gauche, venu très nombreux ce samedi 29 mai, déambule entre les sépultures en entonnant, dans le calme, une émouvante Internationale, en direction du mur des Fédérés. C’est là que 150 ans plus tôt, le 27 mai 1871, 147 combattants de la Commune ont été fusillés par l’armée versaillaise à la fin de la Semaine sanglante, épilogue tragique d’une révolution qui n’aura duré que 72 jours mais aura insufflé, jusqu’à aujourd’hui, l’ambition d’une République sociale, démocratique, populaire et solidaire.
Dans un ballet désorganisé mais joyeux, les milliers de personnes venues rendre hommage aux communards défilent, une à une, devant le fameux mur. Autour, non loin des tombes des nombreux communistes enterrés tout à côté – d’Ambroise Croizat à Paul Vaillant-Couturier, de Jacques Duclos à Paul Eluard – résonnent Le Temps des Cerises et La Semaine sanglante, chantés dans une belle communion par les militants, syndicalistes, citoyens de gauche ou autres gilets jaunes réunis ici.
Rassemblement festif et populaire
À l’émotion du recueillement et de la commémoration des fusillés avait précédé l’ambiance festive de la célébration de la Commune. Dès 10 heures, place de la République, ils étaient déjà plusieurs centaines à répondre à l’appel des Amis de la Commune et de 89 organisations qui ont voulu ce rassemblement « festif et populaire », avant la « montée au Mur des Fédérés », une déambulation qui a lieu chaque année depuis la fin du XIXe siècle, mais rarement avec autant de monde.
« Nous sommes là d’abord pour célébrer les 150 ans de la première révolution communiste, estime Nathalie, professeure d’Histoire en Seine-Saint-Denis. Le président de la République n’a pas voulu commémorer la Commune, alors les citoyens le font, ils n’oublient pas ce qu’ils doivent aux communards, leur combat pour l’émancipation des peuples, leurs avancées sociales et, malheureusement, la manière dont le pouvoir d’Adolphe Thiers a écrasé cette révolution populaire. »
Cela peut paraître paradoxal, mais le souvenir de la Commune, c’est celui d’une révolution heureuse, l’émancipation joyeuse, la créativité sociale et artistique. Pierre Laurent Sénateur PCF
C’est bien la date de cet écrasement dont on a commémoré l’anniversaire, samedi. Pourtant, tous les participants à ce rassemblement ont voulu en faire un moment joyeux. « Depuis que je suis tout petit, la montée au Mur des fédérés a toujours été festive, raconte Pierre Laurent, sénateur PCF de Paris. Cela peut paraître paradoxal, mais le souvenir de la Commune, c’est celui d’une révolution heureuse, l’émancipation joyeuse, la créativité sociale et artistique. »
Les artistes sont justement venus nombreux pour « faire le Mur », disposant des collages représentant des scènes marquantes de la Commune, brandissant de grandes banderoles peintes ou des portraits de communards comme ceux réalisés par Dugudus, faisant tonner la fanfare ou récitant des vers de Jean-Baptiste Clément ou Fortuné Henry, poètes et communards.