Espace. Rendez-vous avec le rover Perseverance, sur Mars
Un bijou technologique équipé d’un hélicoptère
Le rover Perseverance, une astromobile de la taille d’une voiture, est un bijou de technologies conçu, construit et programmé par la Nasa avec des contributions internationales, dont celle de la France. Bardé d’instruments scientifiques de haute technologie pour étudier la diversité géologique de Mars, le rover va être capable de collecter, conditionner et stocker des échantillons : « Ces prélèvements seront rapportés sur Terre lors d’une prochaine mission programmée à l’horizon 2030 », précise Michel Viso. Perseverance reprend en partie l’architecture de son grand frère le rover Curiosity, toujours actif dans le cratère de Gale sur la planète rouge… Mais il est très différent. Perseverance emporte, pour la première fois, un petit hélicoptère qui doit voler au-dessus du sol de Mars, un système de prélèvement et de conditionnement d’échantillons et sept nouveaux instruments pour sonder le sol.
SuperCam, un instrument made in France
Parmi eux, SuperCam, dont la partie française a été conçue et fabriquée durant cinq années à Toulouse par plusieurs laboratoires de recherche associant l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Irap), le CNRS, le Cnes et des universités. SuperCam, doté de lasers et installé sur le mât du rover, est capable de déterminer à distance la composition chimique et minéralogique des roches. « L’instrument renferme trois technologies d’analyse complémentaires, alors que Curiosity n’en avait qu’une dans un volume identique, ce qui a nécessité la miniaturisation de nombreux composants », précise Pernelle Bernardi, la jeune ingénieure système au Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique. SuperCam est aussi le premier instrument scientifique à être doté d’un microphone qui « permettra de capter le son des vents martiens et de détecter d’éventuels problèmes de matériel grâce à l’enregistrement des bruits du rover », résume Sylvestre Maurice, astrophysicien à l’Irap et à l’initiative du projet avec Roger Wiens, son collègue américain.
Trois missions, une même fenêtre temporelle
Ce n’est pas un hasard si Perseverance arrive presque en même temps que la sonde émiratie Al-Amal (« l’espoir ») et la chinoise Tianwen-1 (« la quête de la vérité céleste »), qui orbitent depuis quelques jours autour de la planète pour explorer son atmosphère, son climat et sa géologie. Ces trois missions ont profité de la même fenêtre temporelle de rapprochement entre la Terre et Mars. La sonde chinoise doit rester en orbite jusqu’au mois de mai, puis faire atterrir une plateforme et un robot téléguidé qui prendra des photos et analysera le sol. La Chine sera alors le deuxième pays au monde à réussir cette prouesse. De leur côté, les Émirats arabes unis, premier pays arabe à réaliser cet exploit, ont placé leur sonde afin de suivre les variations climatiques de Mars. Avec les deux missions du programme ExoMars développé par les agences spatiales européenne et russe, la sonde TGO, qui est déjà en orbite, puis celles qui devraient poser l’astromobile Rosalind-Franklin en 2022, la planète rouge n’aura jamais connu une telle activité !
Si toute recherche aérospatiale s’inscrit dans un contexte géopolitique, il ne s’agit pas de coloniser Mars comme l’annoncent certaines sociétés privées, à l’instar de SpaceX d’Elon Musk : « Nous ne réfléchissons pas en termes de conquête spatiale, rappelle Michel Viso, j’y vois plutôt un potentiel important de recherches et de coopérations scientifiques internationales permettant, au contraire, de nous unir pour mieux percer les secrets de l’Univers. L’objectif primordial est scientifique. Après la collecte et l’analyse des échantillons martiens, il s’agira de préparer un voyage d’exploration humaine vers Mars, composé d’astronautes, d’ici une trentaine d’années ». Ainsi l’internationale – scientifique – converge vers la planète rouge !
Sources L'Humanité