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Licenciés des compagnies British Airways et United Airlines, près de 200 salariés sont empêchés de faire valoir leurs droits au chômage auprès de l’établissement français.

Privés de travail et de droits sociaux. Aux quatre coins de France, une centaine d’ex-salariés de British Airways et 80 d’United Airlines se retrouvent pris au cœur d’une tempête administrative. Percuté de plein fouet par la crise du secteur aérien, avec 12 000 employés débarqués par la compagnie anglaise et 16 000 chez son homologue américain, ce personnel navigant commercial (PNC) transfrontalier n’arrive pas à s’inscrire à Pôle emploi. « On s’est retrouvé sans boulot avec zéro préavis, et quand nous avons voulu demander nos allocations, on nous a opposé un refus, explique Mayas, 46 ans, ex-British Airways, lors d’une conférence de presse en fin de semaine dernière. Nous avons pourtant toujours résidé en France, payé nos impôts ici et fait la navette vers notre base, à Londres. On nous dit qu’il existe une Europe sociale, il faudrait qu’elle le soit réellement ! »

Icon QuoteOn s’est retrouvé sans boulot avec zéro préavis, et quand nous avons voulu demander nos allocations, on nous a opposé un refus.Mayas, 46 ans, ex-British Airways

Un véritable labyrinthe administratif

Pour ces salariés à cheval entre deux États, le formulaire U1 est exigé par l’ex-ANPE. Servant à faire valoir les droits au chômage dans un pays différent de celui de l’activité professionnelle, ce document, dont l’émission est sous-traitée par ces compagnies, recèle son lot de mauvaises surprises : «  Je l’ai demandé en septembre. Je ne l’ai reçu que début décembre, poursuit Mayas. Le salaire indiqué ne correspondait pas à la réalité. Pour quasiment tout le monde, il était incorrect. » Si ce dernier vient tout juste de débloquer sa situation grâce à ses fiches de paie, ceux qui réussissent à obtenir ce précieux sésame ne voient pas toujours le bout du tunnel. Son collègue, Gilles, en a fait les frais. Après examen du fameux U1, Pôle emploi a jugé que celui-ci avait reçu une prime supralégale de licenciement, ce qu’il conteste. Le chômeur s’est alors vu imposer un délai maximum de 150 jours de carence avant de toucher le moindre centime…

Icon Quote Une circulaire explique que le formulaire U1 n ’est pas obligatoire. Rien n’empêche ces personnes de bénéficier de leurs droits. Pierre Garnodier, secrétaire général de la CGT chômeurs

Selon Pierre Garnodier, secrétaire général de la CGT chômeurs, qui suit le dossier, toutes ses mésaventures auraient pu être évitées : « Une circulaire explique que ce document n’est pas obligatoire. Rien n’empêche ces personnes de bénéficier de leurs droits. » Daté du 30 octobre dernier, ce texte est sans appel : « La procédure mise en place lors du premier confinement pour faciliter les démarches des demandeurs d’emploi en l’absence du formulaire U1 (faute d’obtenir les documents nécessaires auprès de l’organisme de l’État membre) perdure. »

Des laissés-pour-compte, virés sans ménagement

En attendant le respect de ces consignes, l’horizon des victimes collatérales de la pandémie continue de s’obscurcir : « Nous avons aussi été radiés de la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM), précise, amère, Nathalie, ex-United Airlines. On nous considère comme des inconnus au bataillon alors que nous voulons juste transférer nos droits. » Virés sans ménagement, parfois du jour au lendemain, tous réclament également l’accès au contrat de sécurisation professionnelle (CSP).

En France, les licenciés économiques peuvent bénéficier de ce dispositif garantissant 75 % du salaire brut la première année contre 57 % pour l’allocation de retour à l’emploi (ARE), ainsi qu’un meilleur financement de la formation. Pour ces débarqués, majoritairement quinquagénaires, la question de la reconversion est cruciale. Béatrice, des décennies d’ancienneté sous la carlingue du géant américain, ne voit pas d’autre issue : « J’ai 56 ans, qu’est-ce que je vais faire jusqu’à la retraite ? Pour l’instant, on est laissé de côté », déplore la Marseillaise.

Icon Quote Je n’ai aucune rentrée d’argent depuis octobre, la situation devient urgente. À Pôle emploi, on me dit qu’il manque un justificatif de domicile, puis qu’ils ne comprennent pas les fiches de paie allemandes. On a l’impression d’être abandonné. Fabienne, mére célibataire

Ces PNC avaient déjà consenti à des sacrifices par le passé. Quand United Airlines avait fermé sa base de Paris en 2006 pour la délocaliser à Francfort, ils avaient dû accepter des allers-retours à leurs frais pour conserver leur poste… Pour Fabienne, seule avec sa fille, ces galères d’indemnisation chômage sont donc la goutte d’eau : « Je n’ai aucune rentrée d’argent depuis octobre, la situation devient urgente. À Pôle emploi, on me dit qu’il manque un justificatif de domicile, puis qu’ils ne comprennent pas les fiches de paie allemandes. On a l’impression d’être abandonné. J’ai acheté une maison il y a neuf ans et je n’ai pas fini de rembourser le prêt. J’ai 49 ans, dont vingt-huit ans dans la compagnie. Je ne sais rien faire d’autre. » Pour les anciens de British Airways, les aiguilles tournent encore plus vite. Le rapprochement du Brexit pourrait rendre impossible le transfert de leurs droits après le 31 décembre.

Une catastrophe sociale

Alors que l’ex-ANPE n’a cessé de réduire le nombre de conseillers et de dématérialiser le suivi des chômeurs ces dernières années, cette question délicate des travailleurs transfrontaliers nécessiterait un suivi renforcé. Mais d’une agence à l’autre sur le territoire, les interprétations varient, les réponses aussi, donnant un tour kafkaïen à cette catastrophe sociale. « Nous avons recontacté un conseiller de la ministre du Travail, Élisabeth Borne, qui pensait que cette histoire était réglée ! Même s’il fait tout pour l’éviter, Pôle emploi va devoir gérer ce problème collectivement. Nous avons demandé un rendez-vous à la direction générale », précise Pierre Garnodier. Contacté par l’Humanité, Pôle emploi a « pleinement conscience des difficultés rencontrées par les demandeurs d’emploi transfrontaliers dans la récupération de formulaires U1 (…) Les consignes données lors du premier confinement perdurent d’ailleurs en ce sens. L’absence du formulaire U1 n’empêche pas le traitement du dossier ». Sans déblocage rapide des situations, ces chômeurs cloués sur le tarmac prévoient de saisir le médiateur, puis le tribunal administratif.

Source l'Humanité, Cécile Rousseau

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