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Avec Délivrance, la chanteuse et actrice franco-tunisienne conjugue force du message politique, densité poétique et hybridité sonique.

Peu importe le flacon, Nawel Ben Kraïem nous offre l’ivresse, avec son disque Délivrance, qu’elle a produit elle-même dans son home studio à Saint-Denis. L’interprète, guitariste, auteure et compositrice franco-tunisienne, qui dès l’enfance avait pratiqué le théâtre, a été enrôlée en 2011 comme chanteuse et actrice par Tony Gatlif (pour Indignados). En outre, elle est partie en tournée avec Orange Blossom, a officié en Tunisie avec le collectif alternatif Enti Essout, a assuré les premières parties de Natacha Atlas, Zebda, Susheela Raman, a participé à l’album collectif Méditerranéennes (initié par Julie Zenatti) et, récemment, à une performance associant théâtre et musique avec la poétesse Souad Labbize… En 2021, sortira son premier recueil de poésie, À l’intérieur coule la mer.

Une indéracinable conscience de classe

Malgré les morsures du réel, malgré les rêves de révolution mis en lambeaux, Nawel s’accroche. « Comme les foules sont belles/Quand elles espèrent encore/Victoire sur la mort », chante-t-elle dans Révolution des figuiers. Ses parents, communistes, lui ont transmis une indéracinable conscience de classe. « Mon père, tunisien, provenant d’une famille de bergers, enseignait la physique, et ma mère, française, issue du milieu ouvrier, travaillait dans un centre social d’enfants abandonnés, précise-t-elle. Tous deux ont contribué à ce que je développe un sens critique sur le monde. »

Elle, qui a abandonné ses études en hypokhâgne pour la musique, déroule une écriture conciliant sans hiatus force du message politique et densité poétique. « Je me suis nourrie de l’approche intersectionnelle du féminisme, notamment de l’afro-féminisme, à travers des poétesses comme Adrienne Rich et Mohja Kahf. Comprendre l’oppression de classe permet d’appréhender celle due au racisme, à la domination patriarcale, à l’assignation à un genre, etc. » Nawel aborde des thèmes dont la diversité n’altère pas la cohésion de son propos. Elle évoque l’amour, la désillusion, la maternité, les martyrs, l’exil, l’insurrection…

Parmi les invités, on remarque le charismatique rappeur palestinien Osloob sur un morceau auquel le groupe pionnier londonien Transglobal Underground instille sa science ethno-techno. Aux manettes, elle a convié à ses côtés Mitch Olivier, homme de l’ombre aux associations éblouissantes – Bashung, Diams, Nekfeu… Son collaborateur de longue date, Nassim Kouti, sème au gré des plages des corolles de guitare, oud et mandole.

La radieuse trentenaire choisit des complices artistes qui, comme elle, sectionnent les barbelés de l’ordre établi, pour ouvrir à tous les vents de vastes prairies soniques. Une savante mixture électro galvanise une mélodie aux modulations orientales, l’énergie urbaine succède ou se mêle naturellement à des fragrances d’antan (dans les Vertiges de Hamouda ou encore dans Labess), la culture hip-hop s’articule à merveille avec l’héritage arabo-africain, ou bien, là, une rythmique cinglante peu à peu s’abandonne, pour danser sur un entraînant groove ragga.

Précédé d’un album avec le groupe Cirrus (Mama Please, 2009), de deux EP en solo (Navigue, 2016, et Par mon nom, 2018), Délivrance déploie une vraie maturité artistique. Selon les titres, Nawel Ben Kraïem chante en anglais, arabe ou français. « Je me suis émancipée de l’injonction du showbiz concernant les formats, les sons, les langues », nous confie-t-elle. Le désir d’art palpite en elle comme la flamme crépite dans le cœur de l’amour.

Nawel Ben Kraïem, 28 octobre, Institut du monde arabe, Paris. Album Délivrance (NowNaw/Pias), www.nawelbenkraiem.com

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