Pour Oxfam, la polarisation de notre monde est en marche
Comme chaque année, qu’ils soient dirigeants de grandes firmes transnationales ou serviles représentants politiques des 1 % les plus riches, les puissants de ce monde se cloîtreront à partir de mardi à Davos. Dans cette station de ski suisse, le monde n’est pas divisé entre riches et pauvres. Car cette année, le sujet mis à l’honneur est « les parties prenantes dans un monde durable et inclusif ». Comme tous les ans, l’égalité sera présente, mais seulement de manière partielle. Si, en 2019, certains ateliers abordaient la question des inégalités entre hommes et femmes, cette année c’est l’orientation sexuelle qui sera abordée. D’inégalités de richesse, il ne sera pas vraiment question.
2 153 milliardaires dans le monde
L’organisation non gouvernementale Oxfam publie un rapport qui montre combien elles sont toujours criantes. Il n’est qu’à voir le nombre de milliardaires dans le monde, au nombre de 2 153. Selon le document rendu public aujourd’hui, leur richesse représente l’équivalent de celle de… 4,6 milliards d’êtres humains. « Les 22 hommes les plus fortunés possèdent plus de richesses que l’ensemble de la population féminine d’Afrique », lit-on dans le document. Et l’accumulation du capital se poursuit. 1 % des plus riches ont capté 27 % de la croissance des revenus entre 1980 et 2016, selon les travaux de l’économiste français Thomas Piketty.
Cette concentration des richesses est facilitée par une politique fiscale permissive. « Seulement 4 % de la fiscalité dans le monde proviennent de l’impôt sur la fortune », dénonce le rapport. En France, la suppression par le gouvernement d’Édouard Philippe de l’impôt sur la fortune a fait « économiser » en moyenne 1,2 million d’euros aux 100 plus forts contribuables.
400 000 pauvres de plus en France en 2019
Autre facteur d’accumulation : « On estime qu’un tiers de la fortune des milliardaires est imputable à un héritage », expliquent les auteurs du rapport. Ainsi, en France, sur les six premiers milliardaires, seul François Pinault, dont la fortune s’élève à 29,7 milliards de dollars (24 milliards d’euros), est ce qu’on peut appeler un « self-made-man ». Les autres doivent leur argent à un héritage, Oxfam précisant que, dans le cas de Bernard Arnault, première fortune française et un temps première fortune mondiale, il s’agit d’un « héritage fructifié »… Les sept milliardaires français ont amassé une somme équivalant à celle des 30 % de français les plus pauvres.
« La polarisation de notre monde est en marche lorsque l’on voit les records amers qui ont agité l’économie française l’année dernière : Bernard Arnault, milliardaire et PDG du groupe LVMH, a été l’homme d’affaires qui a engrangé le plus de richesses supplémentaires dans le monde en 2019, tandis que le versement de dividendes par le CAC 40 est à son plus haut. En parallèle, les inégalités sont reparties à la hausse et, plus grave, la France compte 400 000 pauvres de plus en 2019 », dénonce Pauline Leclère, porte-parole d’Oxfam France.
