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L’ancien sélectionneur du XV de France revient sur la performance des Bleus lors de la Coupe du monde 2019 et plaide pour une harmonisation à tous les échelons. Entretien.

Pierre Villepreux Ex-entraîneur du Stade Toulousain et de l’équipe de France

Après une Coupe du monde au Japon à oublier, l’équipe de France entame sa révolution et son premier match du tournoi des Six-Nations, le dimanche 2 février, au Stade de France, face à l’Angleterre. Un « crunsh » au goût particulier, puisque les joueurs dirigés dorénavant par Fabien Galthié découvriront pour la plupart le plus haut niveau international.

Commençons par cette Coupe du monde 2019. En tant qu’observateur avisé, quelles indications et enseignements en tirez-vous ?

Pierre Villepreux Pas grand-chose. Rien de spécial, si ce n’est que l’on a eu des matchs à géométrie variable. Cela dit, on a voulu nous faire croire que ce serait la Coupe du monde du jeu au pied et c’est loin d’avoir été le cas. Les équipes sont restées fidèles à un rugby que je qualifierais de relativement dynamique. Vous dire qu’il y a eu des novations marquantes, non.

Même cette équipe d’Angleterre ne vous a pas surpris ?

Pierre Villepreux Le match qu’elle a réalisé face aux All Blacks n’a pas été une surprise. En France, on voit souvent cette équipe comme pratiquant un jeu restrictif, mais ce n’est pas du tout le cas. Parce que ce sont les Anglais, on considère toujours qu’ils ne jouent pas. Leur championnat est beaucoup plus attractif que le Top 14. La performance anglaise face aux Blacks et à l’Irlande, elle est excellente. Après, ils se trouent en finale car ils sont pris sur ce qu’ils avaient su si bien faire contre les Néo-Zélandais. À savoir bien défendre, récupérer les ballons et les jouer. Cela confirme ce que je pense depuis toujours, le rugby moderne ne peut pas se passer d’une bonne défense, d’une volonté de récupérer les ballons et de les rejouer collectivement. La grosse carence de nombreuses équipes reste les contre-attaques du bout de terrain. Quand le ballon est remonté, il l’est toujours de manière individuelle et non collective.

Passons à l’équipe de France. Deux Coupes du monde ratées, des tournois des Six-­Nations sans perspective. Comment expliquer un tel gâchis ?

Pierre Villpereux Le système du rugby français est aujourd’hui en total décalage avec ce qui se passe ailleurs. Ça se traduit par un nombre d’étrangers énorme dans nos championnats, ce qui limite la possibilité pour des jeunes d’accéder au plus haut niveau. Sur certains postes, nous sommes un peu gênés. Je pense aux premières, deuxièmes et aussi aux troisièmes lignes centre. Mais il y a aussi cette nécessité de résultat toujours présente dans le Top 14. Cela nuit au jeu de mouvement, à la prise de risque. En conséquence, les joueurs qui arrivent au niveau international ne sont pas préparés à jouer des matchs de haute intensité. Au-delà de cela, la multiplication des entraîneurs spécialisés, qui prennent de plus en plus de place, a découpé les équipes en rondelles. Cette complexité n’est pas bonne. Les entraînements n’ont de sens que s’il existe une opposition à 15 contre 15. Un match de rugby se joue à 15 contre 15 ! Si tu ne travailles pas dans ce sens, il est difficile le jour de la compétition de ­retrouver cette cohésion.

Vous voulez dire que l’on se rapproche de plus en plus d’un type de fonctionnement genre football américain ?

Pierre Villepreux Oui, on travaille sur des situations qui sont préschématisées et qui sont difficilement reproduisibles dans un match. La formation doit permettre de rendre le joueur autonome dans son jeu, non pas le cantonner à une seule tâche. Si le joueur acquiert cette autonomie, il lui sera d’autant plus facile d’appliquer et de prendre confiance. Sinon, il va se se bloquer, ce qui ne crée pas l’ambiance nécessaire à un travail serein. Aujourd’hui, nombre de joueurs en France n’ont pas cette autonomie et, en plus, cela les arrange de ne pas l’avoir. Quand ça gagne, tout va très bien ; quand ça perd, c’est la faute de l’entraîneur.

Le Top 14 est donc à vos yeux un frein pour tendre vers ce rugby ?

Pierre Villepreux Il faut en équipe de France des joueurs qui soient à même de répondre au jeu qu’on leur demande. C’est-à-dire un jeu fait de dynamisme, de vitesse, de haute intensité et de précision. Il faut que ce jeu soit mis en place en amont. S’il cela n’est pas réalisé dans les clubs, il est compliqué ensuite de l’appliquer au niveau international. Il faut donc créer une dynamique au niveau national, c’est ce que tente de mettre en place Fabien Galthié. Tout le monde doit aller dans le même sens. Mais ce que je dis n’est, hélas, pas nouveau.

Nouveau sélectionneur, nombreuses nouvelles têtes dans l’effectif pour le prochain tournoi. Sommes-nous, selon vous, enfin sur les bons rails ?

Pierre Villepreux Ce rajeunissement ne me gêne pas car il est aussi en route chez nos prochains adversaires. De fait, on va se retrouver à égalité. Maintenant, sur le long terme, c’est-à-dire 2023, la question est de savoir si ces mêmes jeunes seront encore là et s’ils seront toujours compétitifs. On sait très bien que, sur quatre ans, beaucoup de choses peuvent changer. Mais ce qui est important, c’est qu’il y ait une base de joueurs qui soit solide et à qui l’on peut faire confiance. Finalement, ce n’est pas l’âge qui compte, mais plutôt l’esprit et la passion.

Fabien Galthié dit vouloir donner les clés du jeu aux joueurs. Qu’en pensez-vous ?

Pierre Villepreux Là, c’est un idéal ! Mais, encore une fois, il n’invente rien. Quand j’étais en poste à Toulouse ou en équipe de France avec Jean-Claude Skrela, j’ai toujours laissé les clés du camion aux joueurs. Je ne leur ai jamais refusé la moindre liberté. Cette autonomie doit passer par des formes d’entraînement où ils peuvent prendre confiance.

Et si la révolution entamée par le nouveau sélectionneur ne marchait pas, que faudrait-il craindre ?

Pierre Villepreux Je me souviens que, lorsque nous avons réalisé deux grands chelems consécutifs (1997, 1998), puis raté le tournoi suivant, tout le monde remettait en cause ce qui avait été fait. Un mal bien français ! S’il y a un faux pas, il faudra déterminer en premier lieu les objectifs prioritaires. Est-ce la Coupe du monde en 2023 ? Est-ce le résultat à tout prix ? Si cette deuxième option est choisie, cela voudra dire qu’il faut changer de composition d’équipe à chaque match en fonction de l’adversaire. Mais ce n’est plus la même politique.

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