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En 1972, la pasionaria soul enregistra un album gospel devenu mythique. Amazing Grace, sorti en livre-CD-DVD, nous emporte dans le feu sacré de son chant.

Quarante-six ans après la sortie du mythique double 33-tours Amazing Grace, le public américain a été le premier à enfin découvrir, en 2018, le film du même nom, tourné par Sydney Pollack à l’occasion du concert événement donné par Aretha Franklin en 1972, à l’initiative du producteur Jerry Wexler. C’était le jeudi 13 et le vendredi 14 janvier, dans une église de Watts, quartier noir de Los Angeles. La « reine de la soul » accomplissait là un mémorable retour aux sources, en s’immergeant corps et âme dans le gospel de son enfance. Dès les premières notes, le feu sacré couvait dans la voix d’Aretha et allait se répandre parmi l’auditoire en une traînée de groove.

Depuis fin 2019 est disponible en France (sur Internet et en magasin) l’édifiant livre d’Aaron Cohen  Aretha Franklin. Amazing Grace, qu’accompagne le DVD du documentaire laissé inachevé par Sydney Pollack. Mort en 2008, il n’a pu voir le résultat de sa captation, dont Alan Elliott a finalement assuré le montage. Les deux soirées historiques ayant fait l’objet d’un enregistrement, est également inclus le double CD de l’album de gospel le plus vendu de tous les temps – rien qu’aux États-Unis, plus de deux millions d’exemplaires !

Indissociable lien entre expression artistique et engagement politique

Aaron Cohen, journaliste, a mené une enquête minutieuse, dont il présente le fruit à travers nombre d’entretiens de spécialistes, dans cet ouvrage qu’illustrent superbement une centaine de photos rares ou inédites. Il rappelle le contexte social des années 1960-1970, les luttes pour les droits civiques, la place de l’Église afro-américaine dans ce combat, le soutien de « Lady Soul » à Martin Luther King… Sans oublier les dissensions idéologiques au sein du gospel. Les rigoristes bannissaient « la musique du diable », à l’exemple de la soul, contaminée, selon eux, par une sensualité démoniaque, tandis que les avant-gardistes avaient compris l’indissociable lien entre expression artistique et engagement politique. Au sujet du père d’Aretha, C. L. Franklin, pasteur baptiste de renom présent les deux soirs, Aaron Cohen précise que le révérend «  adaptera ouvertement pour l’un de ses sermons la célèbre chanson de James Brown, “Dites-le fort, je suis noir et fier”. Sa fille fera la même proclamation à l’église ».

En ce 13 janvier 1972, Aretha arrive, s’assied au piano et, les yeux fermés, se met à chanter. À ses côtés, Cornell Dupree (guitare), Kenneth « Ken » Lupper (orgue et claviers), Bernard Purdie (batterie), Chuck Rainey (basse) et Pancho Morales (percussions). Éminente figure du gospel, le révérend James Cleveland, venu avec son chœur (le Southern California Community Choir), s’installe au piano pour sept morceaux et chante une pièce. Sur les bancs, on remarque la présence de personnalités, telle de Clara Ward. De cette sommité du gospel, Aretha reprend How I Got Over. On repère également Charlie Watts et Mick Jagger, qui s’enflamme sous les mélopées de la pasionaria.

La version de presque onze minutes du titre phare Amazing Grace embrase les cœurs. Des larmes coulent. Le public claque des mains, se lève, danse, exulte. Pas besoin d’être croyant pour être saisi de frissons. L’humble étoile nous irradie et nous bouleverse. En définitive, il n’y a pas un gouffre entre les negro spirituals de jadis et la soul de la diva. Le traditionnel Mary Don’t You Weep est un chant dit d’esclave, dont le message codé célèbre l’espoir et la résistance. Dans les années 1960, Aretha a contribué à abolir les barrières entre les genres, en mêlant musique sacrée et musique profane, negro spiritual, gospel, blues, jazz, R&B. Sa voix souveraine pulvérisait les préjugés. Son répertoire couvrait un large champ thématique, allant de sujets abordés dans le gospel jusqu’à de brûlantes odes à l’amour, en passant par des titres devenus des manifestes comme Respect, dont Otis Redding a dit : «  J’ai perdu ma chanson, cette fille me l’a prise. » Aretha s’est approprié Respect, ​​​​​​​qui, au départ, exigeait le respect des droits conjugaux, et qu’elle a transformée en exaltante revendication féministe.

Aretha Franklin. Amazing Grace, d’Aaron Cohen, livre + 2 CD + 1 DVD (GM éditions, 143 pages, 39 euros).
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