Israël : Participation élevée et progression, la Liste arabe unie jubile à Nazareth
Sur l’estrade improvisée installée au siège d’une station de radio arabophone à Nazareth, les candidats du parti ont prononcé des discours passionnés et prédit la fin du règne de Benjamin Netanyahu.
« Nous sentons que [Netanyahu] ne pourra pas former de gouvernement », a déclaré le dirigeant de la Liste, Ayman Odeh, s’adressant à un noyau de militants et de journalistes. « Nous sommes aussi contents que le parti Otzma Yehudit n’ait pas réussi à entrer à la Knesset ».
Netanyahu a été régulièrement accusé – à juste titre – de centrer ses campagnes sur la participation arabe en « avertissant » ses sympathisants qu’ils devaient contrebalancer la forte participation dans les zones arabes, s’attirant des accusations de racisme.
Ayman Odeh estime que les attaques répétées du Premier ministre avaient encouragé la mobilisation des électeurs arabes et que les choses se sont retournées contre lui.
« L’incitation à la haine a un prix élevé à payer », a-t-il ainsi indiqué à la Treizième chaîne.
Les sondages de sortie des urnes et les premiers résultats font état d’un coude-à-coude entre le Likud et son rival centriste, Kakhol lavan, aucun ne disposant d’une voie claire leur permettant de former un gouvernement avec leurs alliés naturels.
Alors que des négociations de coalition s’annoncent, les parties devront vraisemblablement s’appuyer sur un pan étendu de l’échiquier politique ou tenter de former un gouvernement d’union, bien que Kakhol lavan puisse également s’assurer le soutien des partis arabes pour décrocher le droit d’entamer des négociations de coalition.
Interrogée sur la possibilité que la Liste arabe unie recommande Benny Gantz au poste de Premier ministre auprès du président Reuven Rivlin, la candidate et députée de la Liste, Aida Touma-Sliman, ne l’a pas exclue.
« Nous devons d’abord attendre les résultats définitifs et entendre ce que Gantz a à dire. Ensuite, nous devrons discuter et étudier la carte politique pour nous décider », a-t-elle fait savoir au Times of Israel.
Un porte-parole de l’alliance a confirmé mercredi que le leader de Kakhol lavan avait appelé Ayman Odeh tôt dans la matinée et qu’ils avaient convenu de se rencontrer.
Le candidat de la Liste, Mansour Abbas, a annoncé que pour qu’ils envisagent de recommander Benny Gantz, ils auraient besoin d’engagement clair de sa part vis-à-vis d’une relance du processus de paix entre Israël et les Palestiniens, de la lutte contre la criminalité dans les communautés arabes, d’une forte hausse du budget des municipalités arabes et d’une augmentation des permis de construire accordés dans les localités arabes.
À la suite du précédent scrutin, les deux listes arabes n’avaient recommandé aucun parti au président Rivlin.
S’adressant à des sympathisants à Tel Aviv, Netanyahu a poursuivi les attaques à l’encontre des formations arabes, promettant d’empêcher la formation d’un gouvernement qui inclurait « des partis qui encensent et glorifient des terroristes assoiffés de sang qui tuent nos soldats, nos citoyens, nos enfants ».
L’acrimonie est mutuelle.
« L’ère de Benjamin Netanyahu est arrivée à son terme », s’est enorgueilli le député Ahmad Tibi sur la scène installée à Nazareth, soulignant que « la fin de Netanyahu était synonyme de fin de ‘l’accord du siècle' ».
« L’accord du siècle » est un terme péjoratif utilisé pour désigner le plan de paix de l’administration de Trump pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Ayman Odeh a promis que la Liste arabe unie œuvrerait pour combattre la criminalité dans les communautés arabes, pour leur accorder des budgets plus élevés et pour y légaliser les maisons menacées par une démolition.
Il a également laissé entendre que l’alliance avait fait une erreur en se scindant en deux liste — Hadash-Ta’al et Raam-Balad — avant le scrutin d’avril.
« Nous avons fait une erreur il y a cinq mois. L’occasion de la corriger s’est présentée rapidement. Nous l’avons saisie et avons rebâti la Liste arabe unie », s’est-il réjoui.
Elle s’est en effet réunifiée fin juillet après la dissolution du Parlement en mai qui a donné lieu à de nouvelles élections.