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Les scènes de violence à l’aéroport ont illustré l’incompréhension grandissante entre Chinois du continent et de la région autonome. Au-delà du sentiment national, c’est un rapport différent à l’avenir qui est en cause.

À Hong Kong, les manifestants qui ont occupé l’aéroport jusqu’à mardi soir semblent avoir pris conscience des contradictions inhérentes à leur mouvement et de l’impact désastreux des images de violence contre des Chinois du continent. Plusieurs échanges musclés ont en effet eu lieu entre des voyageurs et des Hongkongais. Mais le paroxysme a été atteint lorsque le journaliste chinois Fu Guohao a été molesté, insulté et ligoté. Ces scènes, reprises à l’envi par les médias officiels, ont poussé certains manifestants à s’excuser sur les réseaux sociaux.

Elles illustrent toutefois le fossé politique et culturel qui s’est peu à peu creusé entre sociétés continentale et hongkongaise. « Ces images posent problème car elles prouvent d’une part que la population du continent désapprouve les revendications et les méthodes des Hongkongais, d’autre part qu’il existe une animosité assez forte entre les deux sociétés », soulève le sinologue Jean-Louis Rocca, professeur à Sciences-Po. D’autant plus problématique, pour les autorités locales et nationales, que la Région autonome spéciale (RAS) est censée revenir dans le giron chinois à l’horizon 2047. Selon un sondage réalisé en 2018 par l’université de Hong Kong, seuls 38 % des habitants de l’île se disaient fiers d’être chinois. Une proportion qui tombait à 16 % pour les 18-29 ans. Ces chiffres illustrent au mieux l’ambivalence des Hongkongais vis-à-vis de la Chine, au pire, la résistance qui court depuis 2003 contre toute remise en cause du haut degré d’autonomie.

La jeunesse se débat dans une société de plus en plus inégalitaire

Mais, selon Chan Chi Kit, professeur à l’université Hang Seng de Hong Kong, le mal est plus profond. « Les Hongkongais semblent avoir fait de la Chine un “autre” rétrograde et inférieur ». Un sentiment de supériorité en partie hérité de la colonisation britannique, qui classait les peuples en fonction de leur prétendu degré de civilisation. L’incompréhension entre les deux rives vient également du fait que, du point de vue des continentaux, les Hongkongais ont « tous les avantages d’être chinois sans les inconvénients », selon Jean-Louis Rocca. « Avant la mise en place de restrictions, nombre de Chinoises cherchaient à accoucher de l’autre côté afin que leur enfant bénéficie des soins, de la citoyenneté et du passeport hongkongais, exempté de visa dans 150 pays », détaille le chercheur. La génération née en Chine après 1949 et la proclamation de la République populaire est « très politisée et dévouée à la nation », explique Jean-Louis Rocca. « Ils observent néanmoins une certaine distance vis-à-vis de la politique, tiennent à l’ordre et à la sécurité car ils ont traversé des événements comme la Révolution culturelle et Tian’anmen. » Leurs enfants ont ainsi été éduqués dans l’idée que la stabilité était garante du niveau de vie et de son amélioration. Sur le continent, la jeunesse, qui a bénéficié des chiffres de croissance insolents des dernières décennies, a confiance en l’avenir et soutient incontestablement le pouvoir actuel. « Ils rêveraient d’un régime démocratique qui exclue le désordre dont ils ont peur. Une sorte de système à la Napoléon III qui n’est pas vraiment une démocratie, mais permet de défendre ses droits. »

Alors que, sur le continent, 20 ans semble l’âge des possibles, les jeunes Hongkongais voient au contraire les perspectives se réduire. Extrêmement préoccupée par son avenir, la jeune génération se débat dans une société de plus en plus inégalitaire. « Les jeunes Hongkongais focalisent beaucoup sur les questions politiques et ont tendance à lier tous leurs problèmes à Pékin. Or, l’exploitation et la crise du logement ne sont pas nées de la rétrocession, mais bien de la nature du capitalisme hongkongais », note encore Jean-Louis Rocca. La jeunesse voit par ailleurs la Chine continentale, qu’elle dépréciait tant, multiplier les réussites. Les universités hongkongaises, auparavant si cotées par les étudiants asiatiques, sont délaissées au profit des établissements de Shanghai. Sur le plan des affaires, Hong Kong subit en outre la concurrence de Singapour. Pour Jean-Louis Rocca, « cela nourrit le sentiment d’échec et de dépréciation », le ressentiment vis-à-vis du continent et l’incompréhension des Chinois de l’autre rive.

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