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Dans un livre compilant une grande part de ce qui s’est écrit sur le chef de l’État dès 2012, Éric Stemmelen brosse un autre portrait du président, soulignant combien une oligarchie a repéré un sujet brillant, et œuvré pour le faire émerger.

Éric Stemmelen, Docteur en sciences économiques, ancien directeur des programmes de France 2

Une compilation minutieuse, quasi jour par jour, de ce qui s’est écrit sur Macron, du 22 janvier 2012 à mai 2017. Avec Opération Macron (1), Éric Stemmelen, sans apporter de révélations, dessine néanmoins un entrelacs d’heureux événements, de rencontres opportunes, sans céder à l’explication d’un candidat qui aurait été juste chanceux. Pas avec autant de fées penchées sur son berceau politique… Entretien.

Pourquoi ce parti pris d’ordre chronologique ?

Éric Stemmelen Ça permet d’éviter ce que j’appelle le bouquin à thèse, de construire une théorie de l’ascension de Macron. Je me suis dit que la simple juxtaposition de dates, en retenant d’abord les faits, avec quelques commentaires, jour après jour, est beaucoup plus parlante. Je pense que son ascension s’est construite assez naturellement, grâce à une classe sociale qui n’a pas besoin de se consulter pour diriger des journaux, porter en avant un candidat. Un groupe connu, les premières fortunes françaises, qui pense pareil, a trouvé que cette personnalité pouvait être utile, et alors que Macron était peut-être destiné à un poste de premier ministre, les circonstances l’ont propulsé à l’Élysée. Toute une série de gens en général discrets jusqu’ici prennent ouvertement parti. On voit ainsi Claude Bébéar prendre la plume pour soutenir Macron. La chronologie en ce sens est le plus efficace pour le raconter. En 2014, Niel achète l’Obs, Drahi achète Libé, Arnault commence à acheter le Parisien. En 2015, Drahi achète l’Express, BFM et RMC. Cette oligarchie renforce son empire de presse, avec des articles louangeurs sur Macron – on parle sans arrêt de son couple également –, on a là une opération. Et ce n’est pas moi qui le dis, c’est Bayrou, qui est loin d’être un adversaire de Macron, qui affirme à son propos sur BFM, le 7 septembre 2016 : « Je me suis toujours opposé au mélange entre la décision politique et le monde des grands intérêts, le monde de l’argent. Et il est absolument clair que c’est une opération de ce genre dont il s’agit. » Non content d’avoir le pouvoir financier, une classe tient à avoir le pouvoir politique de façon directe. Jusqu’à Macron, l’alternance entre une droite conservatrice et de pseudo-socialistes lui convenait. Aujourd’hui, un pivot, un extrême centre, convient mieux, en étant posé comme inamovible, et rejetant comme extrémiste tout ce qu’il a contre lui.

Pourtant, le 2 octobre 2014, Macron, rappelez-vous, n’est que le 58e sur 62 personnalités d’un baromètre politique. En 2015, son premier meeting, à Fresnes pour les départementales, est un bide, avec à peine 200 personnes.

Éric Stemmelen Il y a eu un tel flot de couvertures, d’articles, de sujets, que l’on s’y perd. En 2017, les macronistes expliquent cela par sa popularité. Or, le jour même où il est nommé ministre, en 2014, il fait la couverture de l’Express et de l’Obs. Ça commence fort, surtout si on y ajoute Closer quelques jours plus tard. On a fait en sorte qu’il devienne connu, par la répétition et la surexposition médiatique, qui précèdent de très loin sa popularité. Les sondages sérieux (Éric Stemmelen a été directeur d’études à la Sofres – NDLR) montrent alors qu’il est dans le tréfonds de la popularité, un Français sur deux ignore qui il est.

Vous pointez une singulière absence de curiosité et de vérification des journalistes, notamment sur les dates de la rencontre avec son épouse, un flou qui conduit d’abord la presse à resserrer par exemple leur écart d’âge, ou sur les années Rothschild.

Éric Stemmelen On a construit une belle histoire, enjolivant leur âge respectif à leur rencontre. Comment s’est évanouie sa fortune personnelle lorsqu’il était banquier, et justifiée aujourd’hui par sa dépense quasi totale : « J’ai remboursé des emprunts », dit-il. Un de ses conseillers dira que « pendant les années Rothschild, Emmanuel Macron a pas mal dépensé ». C’est mince, comme réponse. Emmanuel Macron, quand il est inspecteur des finances, encore célibataire, achète en juin 2007 un appartement à Paris pour une somme de 890 000 euros. Il gagne 3 300 euros net par mois, ne dispose d’aucun patrimoine personnel et doit, dira-t-il, 50 000 euros à ses parents. Il a réussi à obtenir deux crédits considérables en s’endettant très lourdement. On attend là encore une enquête approfondie sur cette question.

Votre éditeur est belge. Est-ce à dire que personne en France n’a voulu du livre ?

Éric Stemmelen Il se trouve que, durant un an et demi, le manuscrit a été proposé à des éditeurs français. L’un d’eux m’avait même donné une date de publication. Et puis plus rien… François Ruffin parle dans le prologue du livre de lâcheté. C’est le mot.

(1) Éditions du Cerisier, 240 pages, 16 euros. Préface de Gérard Mordillat, prologue de François Ruffin.
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