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Ils ont coutume d’enflammer la Fête de l’Humanité, laissant des souvenirs impérissables et quelques dents. Engagé pour l’écologie, Shaka Ponk revient pour la 3e fois, prêt à secouer la Grande Scène. Et les consciences.

Au complet, ils sont six. Mais ce sont les emblématiques chanteurs de Shaka Ponk, Frah et Sam, qui nous reçoivent dans leur antre parisien à deux pas du Bataclan. D’emblée, ils nous font découvrir leur fonctionnement démocratique après une proposition de vidéo pour notre site, humanite.fr. La réponse passe par un Chifoumi. Car, dans le groupe, toutes les décisions se votent et, en cas d’égalité, le vainqueur du pierre-feuille-ciseaux a la main. La méthode intrigue, mais fonctionne pour ce groupe qui, depuis 2004, balance entre rock, funk et hip-hop, traînant une solide réputation de bêtes de scène.

Aux Victoires de la musique, vous vous êtes élevés contre le réchauffement climatique…

Sam. L’idée n’était pas de faire du spectacle. Nous sommes paniqués par rapport à l’urgence climatique. En parler devenait prioritaire sur la musique. Nous n’avions plus envie de faire uniquement une chanson. C’était l’opportunité de passer un message. Nous avons monté « The Freaks », un projet où nous proposons tous les gestes possibles pour changer les choses écologiquement parlant. Si tout le monde s’y met, il peut y avoir des conséquences réelles. Ce n’est pas un trip égotique. C’est un discours spontané, d’urgence, pour inviter les artistes à s’engager publiquement. Ils ont un pouvoir. Leur message peut être multiplié « de folie ».

Qu’est-ce qui a éveillé votre conscience écologique ?

Frah. Nous faisions des soirées vaguement hippies à Paris. Deux cents personnes se retrouvaient deux fois par mois. Tu ne pouvais pas entrer sans un truc que tu avais fait : une chanson, une poterie, un poème. Dans ce vivier, un noyau d’une quinzaine de personnes a commencé à se retrouver autour du paradoxe du comportement humain. Petit à petit, cela s’est épuré et nous sommes devenus un groupe de rock avec ce singe qui raconte à l’homme qu’il scie la branche sur laquelle il est assis. Le numéro un du top 50 de ce comportement humain paradoxal est le problème de l’écologie. À un moment, il ne suffit plus de chanter que le monde ne va pas. C’est trop urgent. C’est joli la chanson, mais ce n’est pas ce qui va changer les choses. Il fallait trouver un truc pour agir. Il y a trois, quatre ans, après notre tournée, nous sommes allés nous former à la Fondation Nicolas Hulot. Nous sommes partis sur l’idée de ne plus attendre que les fondations ou les associations demandent à des gens connus de faire des vidéos et de participer à des initiatives. Nous avons regroupé des artistes, des youtubeurs et décidé d’une liste de comportements ultra-efficaces, très ciblés pour changer l’ADN et le comportement au quotidien.

Sam. L’idée est d’être constructif, de partager ses progrès, ses difficultés, de toucher les gens. Nous voulons alerter sans passer pour des donneurs de leçons, montrer qu’il est possible de changer sa façon de consommer et indirectement faire bouger les industriels. Si nous continuons à acheter et à consommer des produits polluants, les industriels continueront à les produire. Il ne faut pas attendre les politiques et les industriels parce qu’on va attendre éternellement. Nous croyons à une nouvelle façon de faire. Si nous nous y mettons tous, les petits gestes peuvent avoir un réel impact écologique.

Frah. C’est le seul moyen en fait. D’ailleurs, nous nous faisons souvent taper dessus à ce propos. Des gens nous disent : « P***, tu fais chier, ce n’est pas à vous mais aux politiques et aux industriels de faire cela. » Mais leur métier n’est pas de sauver la planète, mais de faire du blé ou d’être élus. Si nous votons pour des mecs qui n’en ont rien à foutre de l’écologie, il est normal que cela n’avance pas. Si nous n’achetons que des produits dégueulasses et pas chers qui polluent non seulement notre petit corps, mais aussi la planète, il est normal qu’ils continuent à en produire. Si tout le monde commence à n’acheter que les bons machins, les industriels ne produiront plus que cela. Si nous élisons des gens qui ont un sens de l’écologie et de l’humain, les lois seront orientées vers le progrès et l’évolution.

La musique est-elle le socle de votre groupe ou un outil pour diffuser votre message ?

Sam. La musique est avant tout un moyen d’expression. J’ai besoin de chanter, de gueuler, c’est thérapeutique. La musique répond à un besoin de s’exprimer par les textes, d’écrire. Nous abordons plein de sujets différents comme le fait que les gens continuent à s’amuser alors que le monde est en train de se détruire ou des trucs plus classiques comme l’amour et les ruptures. Nous avons aussi besoin de nous amuser au-delà du côté sérieux et de l’écologie. Dans un groupe, certains font de la musique pour ceci ou cela. Mais le but est de faire de la scène. Nous arrivons à un stade où, si la solidarité ne s’installe pas, en France et dans le monde, nous sommes dans la merde. Cela prend de la place dans l’exercice de notre métier parce qu’on se dit : « Faire des chansons c’est bien, mais, il y a une urgence. Il faut agir. » On ne peut plus rester chacun dans son coin à se dire, je ne fais que de la musique, que mon métier.

Je comprends que le quotidien prenne parfois toute l’énergie, qu’il faut payer un loyer à la fin du mois. Mais nous avons envie que les gens retrouvent le lien avec la terre et la nature dont on s’est tellement éloigné au sein de nos villes. Certains veulent manger de la viande tous les jours. Ce n’est plus possible. L’élevage pollue et il faut faire un effort, chacun à son rythme. C’est difficile, mais un changement de conscience beaucoup plus large doit s’opérer. Nous devons tous nous réunir en tant que citoyens. C’est peut-être l’endroit où l’on se rejoint par rapport à votre mouvement. À un moment donné, nous sommes tous égaux, nous devons nous aider mutuellement à consommer différemment. Comme le dit Aurélien Barrau, le plus important est le changement de conscience. Il faut penser autrement. Ce que nous mangeons a un impact direct sur la terre. Si on la bourre de pesticides, elle devient stérile. On ne peut plus cultiver. Tout le monde est touché, les pauvres comme les riches. Les conséquences sont pour nos enfants, nos parents, nous tous.

La musique et l’art sont-ils des moments de déconnexion d’avec le politique ou bien plutôt une entrée par un autre chemin ?

Frah. Des problèmes peuvent être puissamment combattus avec des images et des chansons parce qu’elles prennent au bide. Je pense aux violences en tout genre. Là, nous sommes sur un problème qui englobe tous les autres. Il ne sert à rien de lutter pour l’égalité hommes-femmes ou un meilleur pouvoir d’achat si nous crevons tous dans quinze ou vingt ans. Notre façon d’être, de vivre et même de se battre pour de belles choses nous mène à la disparition. Il faut que les gens intègrent que, quels que soient leur combat, leur passion ou leur métier, il faut agir différemment.

Sam. Il y a un espoir, mais il faut que tout le monde commence dès maintenant.

Frah. Et, à ce niveau, cela ne sert à rien de chanter, enfin, cela ne suffit plus. Donc, on fait chier tout le monde.

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