Pompiers: Un rapport vise à relancer le volontariat et appelle à un «choc de recrutement»
Susciter plus de vocations chez les pompiers volontaires et maintenir ainsi une des bases du système de secours d’urgence en France en attirant plus de femmes et jeunes des villes et banlieues : c’est l’objectif d’un rapport remis ce mercredi au gouvernement? (lire en encadré).
Alors que les pompiers sont de plus en plus sollicités sur le terrain (accidents, violences, assistance à personnes, feux, cyclones, etc.), la profession peine à recruter de nouveaux volontaires, un « effet de ciseaux » qui « met en danger l’ensemble du dispositif », selon ses dirigeants.
Un objectif affiché depuis près de dix ans par les autorités mais jamais atteint
Augmenter le nombre des volontaires, indispensables à un réseau pompier où ils sont très largement majoritaires (près de 80 %, 193.800 sur environ 247.000), est pourtant un objectif affiché depuis près de dix ans par les autorités mais jamais atteint.
Une première mobilisation lancée en 2009 a permis d’enrayer la baisse des recrutements. Mais leur nombre stagne depuis, en raison notamment des difficultés de concilier ce statut avec les impératifs familiaux et professionnels.
Pour y remédier, Emmanuel Macron avait à l’automne commandé à cinq personnalités un rapport remis mercredi au ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb. Le texte décline 43 mesures visant à créer enfin le « choc de recrutement » attendu, mais aussi à fidéliser des volontaires qui, pour un tiers au moins, ne vont pas au terme de leur engagement initial de cinq ans. Et appelle le gouvernement à s’impliquer pour en faire une « politique publique nationale » efficace.
Le renforcement du modèle actuel de volontariat « altruiste et généreux »
Conscient des restrictions budgétaires, il se prononce clairement pour le renforcement du modèle actuel de volontariat « altruiste et généreux ». Il refuse ainsi sa « professionnalisation à temps partiel », réaffirmant notamment la nécessité de plafonner le nombre annuel d’indemnités horaires perçues par chaque volontaire.
Augmenter le nombre des volontaires permettra de diviser la charge opérationnelle (une vingtaine d’heures par mois en moyenne actuellement) pesant sur chacun. Moins sollicité par les interventions, chaque volontaire pourra mieux les concilier avec sa vie privée, estiment les auteurs du rapport qui se sont notamment inspirés des modèles allemand et autrichien.
Plus sollicités pour le secours à la personne que pour les incendies
Une première série de mesures du rapport entend assouplir et mieux adapter le recrutement et les formations à l’évolution des missions des pompiers, désormais beaucoup plus sollicités pour le secours à la personne (84 % des opérations) que pour les incendies (6 %), et pour des cas pas toujours urgents (problèmes psychologiques, transport sanitaire…).
D’autres mesures visent à augmenter le nombre des volontaires, notamment parmi les femmes (17 % des pompiers aujourd’hui) et les jeunes urbains et périurbains, notamment ceux des « quartiers prioritaires de la politique de la Ville ».
« Aujourd’hui les volontaires sont souvent des "hommes blancs", peu diplômés et qui comptent d’autres pompiers volontaires dans leurs familles. Il faut diversifier la population des volontaires, la rendre plus représentative de la société, plus proche géographiquement des besoins aussi », explique une source proche du dossier.
Vers la création d’une « réserve » de bénévoles
Le rapport prône également des mesures fiscales pour permettre aux entreprises et administrations de libérer plus facilement leurs employés volontaires, et des bonifications en point de retraite pour ceux engagés pendant plus de quinze ans. Il reprend également la proposition d’Emmanuel Macron de faire de son futur service national universel obligatoire « un levier du recrutement des pompiers volontaires ».
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Il réclame enfin la création d’une « réserve » de bénévoles, qui pourrait par exemple compter d’anciens pompiers retraités, pour aider les autres pompiers dans la logistique de crise ou la formation du grand public, aux premiers secours notamment.
Le rapport a été dirigé par le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, Eric Faure, le président de la Conférence nationale des services d'incendies et de secours Olivier Richefou, la sénatrice (LR) du Haut-Rhin Catherine Troendle, le député (LREM) du Var Fabien Matras et Pierre Brajeux, vice-président de l'organisation patronale du Medef.