Européennes, des débats télévisés à la carte : le PCF exclu
D’aucuns nomment cela le "service public". Le 4 avril prochain, « L’Émission politique » sera une spéciale élections européennes. À cette occasion, France 2 (en partenariat avec France Inter) a convié les têtes de liste à venir débattre sur son plateau. Toutes les têtes de liste ? Naaan…
Pour l’heure, impossible de savoir quels en seront précisément les invités – mais personne ne doute que l’extrême droite, elle, sera présente –, d’autant que LREM ou le PS n’ont pas encore trouvé leur numéro 1. Une chose est sûre, le PCF ne sera pas de la partie. Au moins pour le moment, parce que la mobilisation ne fait que commencer. Dans un courrier adressé mardi 12 mars à la présidente de France Télévisions, Ian Brossat annonce que France 2 « ne jugeait pas utile » de l’inviter, et dénonce un « déni de démocratie grave et incompréhensible ».
Depuis, les communistes ont lancé sur les réseaux sociaux le #PasSansNous – qui figure parmi les plus fortes tendances de la journée sur Twitter –, et ses cadres postent des vidéos interpellant Delphine Ernotte pour qu’elle réfléchisse à deux fois avant d’exclure le PCF du rendez-vous politique phare du service public (voir ici ou là). Ian Brossat donne d’ailleurs « rendez-vous mardi 19 mars à 18h devant le siège de France TV », histoire de faire monter la pression.
À en croire Le Figaro, l’UDI subirait le même sort que les communistes.
Une situation qui semblerait d’autant plus rocambolesque que jeudi 14 mars, une autre « Émission politique » aura pour unique invitée Marine Le Pen. C’est le CSA qui va s’amuser.
BFMTV, premier sur l’illogisme
En attendant que l’état-major de France Télévisions concocte une sortie de crise alambiquée, c’est BFMTV qui lance "officiellement" le coup d’envoi des européennes. Le 20 mars, ce sont les chefs de parti qui viendront causer dans le petit écran.
Au casting : Stanislas Guérini pour LREM, François Bayrou pour le
MoDem, Marine Le Pen pour le RN, Jean-Luc Mélenchon pour LFI, Laurent
Wauquiez pour LR et Olivier Faure pour le PS. Là encore, outre l’idée
saugrenue de préférer les chefs de parti aux têtes de liste – ces
dernières ne sont sans doute pas
encore assez "connues" pour affoler les audiences –, les critères de
choix entre les différents partis invités ou exclus questionnent.
LREM et le MoDem forment ensemble à l’Assemblée nationale la majorité et vont ensemble aux européennes. Où est la contradiction ? Où est passé EELV, pourtant bien placé à gauche dans les sondages – pour autant qu’on puisse l’être ? Quid du PCF, de Debout la France, de l’UDI, de Génération.s ?
Visiblement, la logique des groupes parlementaires n’est pas respectée – les communistes en ont un à l’Assemblée et un au Sénat quand EELV dispose d’un groupe confortable au Parlement européen. Celle des sondages non plus, sinon pourquoi LFI ou le PS seraient présents et pas les écolos ? Reste alors la logique de l’audimat ? Et là encore, qui peut dire qu’Olivier Faure est plus "télégénique" qu’un Fabien Roussel ou un Nicolas Dupont-Aignan ?
Si la prolifération des fake news, avec l’achat d’espaces publicitaires de ceux qui en avaient les moyens sur les réseaux sociaux de type Facebook, ont largement contribué à faire le jeu d’élections récentes, la responsabilité des médias, qui introduisent un biais dans la sélection des candidats mis en scène dans des débats télévisés, éliminant les candidats qui ne retiendraient pas l’attention des chaînes
organisatrices pour des raisons très peu objectives, serait elle aussi engagée. Et s’en
accommoder serait tout aussi grave pour notre démocratie. Hélas, la seule logique qui règne, c’est l’arbitraire.