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Mobilisées contre un régime qui n’a jamais pleinement reconnu leurs droits, les femmes algériennes investissent un espace public d’habitude « masculin pluriel ».

Il y avait ce 8 mars, dans les rues d’Alger, d’Oran ou d’Annaba, quelque chose de léger dans l’air, un souffle d’allégresse et la fierté d’être ensemble, hommes et femmes de toutes générations, marchant au coude-à-coude pour dire non à toutes les oppressions. Tous battaient le pavé contre le cinquième mandat, pour « dégager le système » et chasser du pouvoir des dirigeants méprisants et corrompus. Mais cette révolution en germe est peut-être plus profonde encore ; elle a le visage de ces milliers de femmes qui esquissent par leur seule présence, en investissant l’espace public d’habitude si « masculin pluriel », une Algérie nouvelle. Les hommes sont les premiers à s’en réjouir. « Que les femmes algériennes nous pardonnent. Un jour viendra où leur parole sera entendue, où elles seront libres et heureuses », jurait un manifestant ému, dans les rues de Tizi-Ouzou, au micro de Berbère TV. « Nous sommes tous là, hommes et femmes, dans la joie, il n’y a pas une mauvaise parole, ni un geste déplacé. En soi, c’est déjà une immense victoire ! » exultait un autre. « Les femmes de ce pays ont participé à la guerre de libération. Elles ont sorti les colons, elles sortiront ce gouvernement de l’arbitraire », prédisait un troisième.

Ce mouvement populaire relie entre elles les générations, éclaire la mémoire toujours vivante des luttes des femmes algériennes. Le fil de la transmission ne s’est en fait jamais rompu : on pouvait voir des moudjahidate (1) défiler avec leurs filles et leurs petites-filles. Les premières ont battu le pavé en 1988, résisté aux intégristes, combattu le Code de la famille faisant d’elles des mineures à vie. Les secondes goûtent à la rébellion avec délectation. Dyna, 21 ans, étudiante, se dit « bouleversée » par ce « renouveau inespéré ». « Les femmes étaient déjà présentes dans les marches précédentes, mais là, elles ont acquis une visibilité qui change tout. Le pays et le monde entier nous ont vues, entendues. Une brèche s’est ouverte en Algérie : les femmes s’y sont engouffrées. Rien ne sera jamais plus comme avant », nous assure-t-elle. Sa mère, Ourida, savoure aussi cet élan des femmes algériennes. Jadis professeure de français dans une école de Bellecour, alors fief du Front islamique du salut, elle a subi l’épreuve, en 1993, des menaces des barbus. Une lettre tachée de sang, le dessin d’un sabre et ces mots glaçants : « Si tu n’arrêtes pas d’enseigner le français, tu seras égorgée. » « J’ai continué à me rendre au travail, sans voile, la peur au ventre. Mais céder, c’était laisser le pays sombrer », se souvient-elle. Les mobilisations en cours portent, dit-elle encore, le même « esprit de résistance »:« L’Algérie a fait ces derniers jours un pas de géant. J’espère que ça changera les mentalités des hommes, qui se croient supérieurs aux femmes. Nous sommes, quoi qu’il en soit, mieux armées que jamais pour affronter l’intégrisme comme le machisme des maris, des pères, des frères et des inconnus dans la rue. »

Difficile à ce stade de parler de renouveau féministe dans une société patriarcale, travaillée en profondeur par la bigoterie. Mais cet élan libérateur ébranle déjà les consciences. Dans la manifestation, vendredi, Hanane a joué la carte de l’humour pour affirmer ses convictions égalitaires. « Le clan Bouteflika n’aura pas notre soutien-gorge ! », proclamait sa pancarte. Sur les réseaux sociaux, les islamo-conservateurs ont sonné contre elle l’hallali. Mais dans la rue, ses paroles crues n’ont suscité qu’applaudissements et rires. Les temps changent en Algérie.

(1) Anciennes combattantes de la guerre d’indépendance.
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