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Selon nos informations, l'Institut du monde arabe, à Paris, a
déprogrammé le concert de la chanteuse sahraouie Aziza Brahim après que
le Maroc a fait pression pour empêcher l’artiste de se produire.
Selon une source bien informée, tout est parti d’un article paru le 29
janvier dernier sur un site marocain réputé proche du palais, le 360.
Il s’émouvait de la programmation à l’Institut du monde arabe (IMA)
d’Aziza Brahim, la qualifiant d’activiste du Front Polisario.
Dans la foulée, l’ambassade du Maroc à Paris appelle l’Institut pour
demander des explications. L’IMA se justifie en expliquant que la
chanteuse a toute sa place dans le cadre du festival Les Arabofolies,
qui a pour thématiques les femmes et les résistances. Des explications
qui ne convainquent pas les diplomates marocains en poste à Paris.
Ces derniers font alors pression sur les mécènes marocains qui
financent régulièrement les projets de l’Institut, et qui finissent par
menacer l’IMA de se désengager si le concert prévu initialement le 10
mars était maintenu.
Son président, Jack Lang, tente bien d’intervenir, en expliquant que
la chanteuse n’est nullement une activiste du Polisario mais seulement
une artiste qui chante l’histoire de son peuple. Rien n’y fait : le
président de l’institution cède finalement sous la pression. Résultat,
le 7 février, l’Institut annonce que « pour une raison indépendante de la volonté de l’artiste », le concert est annulé.
Aziza Brahim se dit surprise et attristée par cette annulation :
Cela m'a surprise et cela a
surpris beaucoup de gens, parce qu'on parle d'une institution publique
française et on parle d'un pays qui est un des piliers de la démocratie
en Europe. Et cela m'a surprise qu'une institution de ce calibre puisse
céder à des pressions politiques étrangères alors que l'Institut
s'occupe de programmation culturelle.
La chanteuse a tout de même trouvé un autre point de chute : elle se
produira le 26 avril dans une autre salle parisienne, le Pan Piper.
Ni l’Institut du monde arabe ni l’ambassade du Maroc n’ont souhaité répondre à nos demandes d’interview.
En novembre dernier, un livre de photographies d'archives sur le
conflit du Sahara occidental avait été retiré du Centre Pompidou sous la
pression des autorités marocaines.
Sources RFI