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Décontracté, rapide et pragmatique, le nouveau secrétaire national d’un PCF effacé vient du Nord et a l’habitude de se confronter au RN.

La première fois qu’on a croisé Fabien Roussel, c’était en 2012 à Saint-Amand-les-Eaux (Nord), où il a élu domicile. A l’arrière du local de campagne, assis sur des chaises en PVC avec notre sandwich merguez-ketchup tout chaud sorti de la grille militante, l’alors simple patron de fédé PCF tentait de convaincre que ce que nous observions alors - des communistes en campagne dans des terres ouvrières bouffées par le vote d’extrême droite - était le début d’une «reconquête». «On va rebondir !» nous assurait-il, amusé, citant Louis Blanc (et non Friedrich Engels, comme il le pensait à l’époque) : «La patience est une vertu républicaine.» On avoue avoir douté de la capacité de relance de ses camarades avec des députés sortants rempilant à plus de… 70 ans.

On s’est trompé : six ans et demi plus tard, le même Roussel a résisté à la vague Macron-Le Pen-Mélenchon en 2017. Il a pris la suite d’Alain Bocquet à l’Assemblée nationale et se retrouve même à 49 ans, à la surprise générale, y compris la sienne, boss de la Place du Colonel-Fabien. Alternance inconnue : le texte d’orientation des «minoritaires» a battu celui de la majorité sortante, et Fabien Roussel a pris la suite de Pierre Laurent à l’issue du 38e congrès du parti. «Jour de l’acte I des gilets jaunes», savoure le désormais secrétaire national.

Deux mois après son intronisation, son bureau avec vue sur la coupole, dessinée par Niemeyer, reste pourtant vierge de toute personnalisation. C’est à peine si une plante verte trône sur une étagère. «Et encore, c’est mon équipe qui m’a dit de la mettre», plaisante-t-il, aussi volubile et rigolard que son prédécesseur était calme et discret. Il est du style à aller voir les ouvriers de Renault plutôt que de rester peaufiner son discours de vœux. «Je suis un cul dehors !» revendique-t-il. «C’est "M. 3 000 volts", confirme-t-on dans son entourage. Ça va vite avec lui. Parfois trop. Il nous ramène systématiquement au terrain et veut être dans sa circonscription.» Pour cause : il est le premier patron du PCF depuis Waldeck Rochet élu en 1964 à ne pas être issu de la région parisienne.

Roussel, lui, est chti. Il est né à Béthune, d’une mère employée de banque et d’un père correspondant de l’Humanité à Hanoi pendant dix ans. Les parents sont communistes et syndicalistes. C’est sa grand-mère maternelle, institutrice avec neuf enfants, «tous tombés dans la marmite de la lutte des classes», dit Roussel, qui s’est occupée de lui et de son cadet pendant que les parents militaient. De ce côté, le grand-père est mort jeune en allant travailler. De l’autre, il était à la tête d’une entreprise de transport et la grand-mère avait un père réfugié espagnol interné au camp du Vernet en Ariège pour bagarre. «Il en est sorti malade, affaibli et il en est mort, conte Roussel. L’inhumanité de la société aujourd’hui est la même que celle des années 30.» Le nouveau patron du PCF travaille ses formules. A l’Assemblée, il s’est fait remarquer pour ses envolées sur les «riches» et les «évadés fiscaux». Sous l’œil souvent rieur d’un voisin nordiste, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, avec qui il échange facilement par SMS. Qu’on ne s’y trompe pas : sous ses airs de mec populaire au tutoiement facile, revendiquant son «marcel» sous la chemise - au grand dam de son équipe de com - et passant ses vacances depuis quinze ans «sous tente» dans un camping deux étoiles à Propriano (Corse-du-Sud) avec «la même bande de potes», Roussel est un politique professionnel.

Tombé dans une marmite rouge à 14 ans, il part pendant deux ans rejoindre son père au Vietnam. A son retour, il fait son lycée chez sa mère, à Champigny-sur-Marne, municipalité PCF où les Marchais battaient pavillon. Il lutte alors pour la libération de Mandela et prend sa carte à la Jeunesse communiste. Bac en poche, il ne fait pas d’études et va bosser «tout de suite» dans le journal de papa. Pas comme journaliste mais comme coursier, distributeur de dépêches, iconographe… «J’ai fait tous les étages du journal !» assure-t-il. Sauf la rédaction. On lui dit d’aller d’abord «apprendre la vie». Il se forme à la caméra et part, «sans femme ni enfant», en Afrique, au Vietnam, dans des locales de France 3. Jusqu’à ce que la gauche plurielle ne le rattrape : en 1997, Jospin embarque quatre communistes dans son gouvernement. Rasé, avec une boucle d’oreille, il finit au cabinet de Michelle Demessine au Tourisme. «J’avais besoin de quelqu’un pour la presse, raconte l’ex-sénatrice.A l’Huma, on m’a conseillé Fabien. Il était originaire du Pas-de-Calais, c’était important pour se comprendre. Son dynamisme, son côté décontracté et sa bienveillance m’ont plu.» Il choisit la politique et fait une croix sur le journalisme.

Après 2002, il part à Lille «avec femme et enfants». Il en a aujourd’hui «cinq dans sa vie». Aux cantonales de 2004, il se fait remarquer grâce à une affiche inspirée d’un dessin de Charb, un poing brandi sorti d’une usine. Le slogan : «En mars, je vote communiste et je t’emmerde.» Attaché parlementaire, il se charge de booster les cocos du Nord où certaines «cellules» arborent encore la faucille et le marteau. Le slogan du parti, «l’Humain d’abord» - repris en 2012 par Mélenchon - en opposition aux«Français d’abord» du Front national, ça vient aussi de chez lui. «Cela fait longtemps qu’on n’avait pas eu de numéro 1 autant confronté à l’extrême droite. Fabien sait ce que c’est d’avoir un FN à 40 %, souligne Julia Castanier, directrice de la communication du Parti communiste. Il a réussi à maintenir une présence communiste dans une région où Le Pen cartonne.»

Sans cesse enterré, le PCF aurait-il trouvé en Roussel le bon patron pour convaincre de sa «renaissance» à l’heure où Mélenchon et ses insoumis ne veulent plus d’alliances ? Ce pêcheur du dimanche et lecteur de polars se présente comme partisan de «l’union du peuple de France» et veut redonner «de l’espoir à gauche». Mais ses soutiens internes sont aussi ceux qui n’ont pas digéré «l’effacement» du PCF derrière Mélenchon et veulent retrouver une «identité». «Il y a une gauche à reconstruire, et on ne peut pas répondre seulement "patriotisme communiste", met en garde un membre de la direction sortante. Après, Fabien n’est pas un idéologue, c’est un pragmatique. Il peut très bien dire "rouge" un jour et "rassemblement" le lendemain.» Pour l’instant, Roussel veut discuter du «fond» avant de «faire l’union». Vu qu’on a entendu ces mêmes phrases dans la bouche de trois secrétaires nationaux différents dans ce même bureau, on avoue avoir un peu de mal à y croire. Après, on s’est déjà trompé.

Sources Lilian Amegnan Libération

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