RADIO(S)

Alerte info
CHANSONS ROUGES INFORMATIONS ET MUSIQUES EN CONTINUE : Musiques rouges, variétés 24h sur 24h et journaux et flashs à 7h, 8h, 9h, 10h, 12h, 13h, 14h, 16h, 18h, 19h, 20h, 21h, 22h, 23h MOSAIK RADIOS : En cliquant sur le logo en bas à droite vous pouvez écouter une autre station du groupe Mosaik Radios : Classik Radio. CLASSIK RADIO VOUS PROPOSE MUSIQUES CLASSIQUES, JAZZ ET FLASHS D'INFORMATIONS : Classik Radio, les plus belles musiques, les plus grands compositeurs, magazines et journaux à 7H, 8H30, 9H, 12H30, 13H, 15H, 17H, 18H30, 19H, 22h EMISSIONS ORIGINALES ET EXCLUSIVES PROPOSEES PAR MOSAIK RADIOS : Diffusées sur Chansons Rouges et Classik Radio : Histoires des fêtes de l'Humanité, la légende...héroïques femmes dans la résistance...histoires des chansons de variétés...histoires des chansons révolutionnaires...125 biographies au service de l'humanité...les bons mots de l'histoire...vies et œuvres des compositeurs et musiciens classiques... LES TRESORS DU CINEMA, LES PLUS BELLES MUSIQUES : Sur Chansons Rouges et sur Classik Radio tous les samedis de 14h à 15h




Sous-traitantes des grandes marques internationales, les usines du textile indien ont recours à des millions d’ouvriers à domicile pour un salaire à la tâche. Loin de tout cadre légal et social, ces derniers sont les soutiers du développement.

Chez eux, c’est-à-dire nulle part ou du moins hors de portée syndicale, des millions de travailleurs indiens travaillent pour une bouchée de pain. Ces ouvriers invisibles de l’industrie de l’habillement gagnent moins d’une roupie (0,01 euro) pour chaque pièce rendue. Loin du salaire minimum légal de 150 roupies (1,83 euro) par jour. Pour acheter 500 grammes de pain à 29 roupies, ils devront ainsi effectuer plusieurs dizaines de tâches. Sauf si les travailleurs en question se voient pénalisés de ne pas avoir honoré leurs commandes à temps, notamment durant les fêtes où la demande redouble. Le secteur du textile indien, qui emploie plus de 12,9 millions de personnes dans ses usines, leur confie des travaux de broderie, de découpe des manches ou de pose de boutons. Selon une étude publiée vendredi dernier par l’université de Californie, il s’agit surtout de femmes souvent issues de minorités ou de communautés marginalisées.

Des enfants non scolarisés mis au travail illégalement

« Le manque de transparence et de caractère formel du travail est également à relever », explique, en outre, Siddharth Kara, l’auteur de l’étude. Les juteux profits réalisés par les géants du prêt-à-porter proviennent de « l’exploitation subie par ces travailleurs », souligne le rapport qui s’abstient pourtant de citer les marques en cause. 85 % de ces invisibles du textile s’inscrivent ainsi au cœur des chaînes d’approvisionnement qui partent à l’exportation vers l’Union européenne et les États-Unis. « Ce problème touche toutes les grandes marques, tous les détaillants et l’ensemble de la chaîne des fournisseurs de vêtements en Inde. Il ne suffit pas de dire : “Eh bien, mon usine ne m’a pas dit qu’elle avait recours à des sous-traitants”, c’est aux (entreprises) d’exiger transparence et formalité. Faute de quoi, l’exploitation reste permise », souligne Siddharth Kara.

Après une enquête minutieuse, il découvre que 19 % des 1 452 travailleurs interrogés sont âgés de 10 à 18 ans. Dans le nord du pays, la majorité est non scolarisée. Révisée en 2016, la loi sur le travail des mineurs interdit théoriquement d’employer des enfants de moins de 14 ans et de recruter des jeunes âgés de 14 à 18 ans dans des métiers dits « à risques ». L’ONU avait, à l’époque, critiqué l’amendement autorisant les plus jeunes à travailler légalement dans des entreprises familiales « pendant les vacances scolaires et en dehors des heures de cours ».

Pour ces invisibles, ni contrat ni inspection. Les travailleurs à domicile n’ont aucun moyen de se défendre contre les pratiques abusives. Selon Varun Sharma, qui a longtemps documenté le travail des enfants, « les industries ont changé de méthodes et sont entrées dans les maisons des travailleurs pour échapper à la vigilance des ministères et des agences de certification internationales qui n’inspectent que les usines ». Le ministère du Travail considère l’activité à domicile comme un mal endémique et entend procéder à un recensement de ces ouvriers de l’ombre qui s’annonce d’ores et déjà complexe.

Retenues en captivité à l’usine par un sous-traitant d’Hugo Boss

Les trois quarts des personnes interrogées, souvent issues de familles surendettées, déclarent travailler hors de toute protection et de tout cadre réglementaire du fait de « pressions ». La servitude pour dette reste courante en Inde malgré son abolition en 1975. L’an dernier, une enquête du journal britannique The Guardian levait le voile sur les abus d’un fournisseur indien de la marque de luxe allemande Hugo Boss. Dans ce cas précis, de jeunes travailleuses ont été retenues en captivité dans les murs des usines du Tamil Nadu (Sud) pendant quatre ans. « Elles sont également vulnérables au harcèlement sexuel et à d’autres formes d’abus commis par des employés masculins qui supervisent leurs activités, que ce soit pendant leurs déplacements à l’extérieur des foyers et sur leur lieu de travail », soutient Urmila Bhoola, spécialiste de l’esclavage contemporain pour les Nations unies.

En Inde, la part du textile dans le PIB pèse 17 %. Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, le premier ministre nationaliste, Narendra Modi, tente de profiter de la réorientation du modèle de développement chinois et du passage à une production de biens à forte valeur ajoutée pour faire de l’Inde un acteur majeur du secteur manufacturier. Son plan « Make in India » vise à attirer les investisseurs étrangers et à créer 100 millions d’emplois dans ce secteur. À quel prix ?

Partager