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Que nous dit-il, le Président ?

Il nous prend tout d'abord ouvertement pour des enfants. Le style du texte est caractéristique de la volonté d'infantilisation permanente du capital : en gros, vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez, vous êtes incapables de comprendre comment se créent les emplois, à quoi servent les impôts, comment fonctionne le pays.

Des thématiques et des questions ouvertement… fermées ?

Typique de la condescendance intellectuelle du capital, les citoyens doivent s'inscrire dans 4 thématiques, en donnant l’illusion que tout est « open bar » avec des questions ouvertes… mais dont beaucoup sont déjà ouvertement fermées.

L’exemple le plus remarquable est celui des impôts : « Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace ? Quels impôts faut-il baisser en priorité ? ». Superbe sujet ouvert. Mais la phrase suivante vient aussitôt fermer le débat et imposer la propre réponse politique du pouvoir : « Nous ne pouvons quoi qu’il en soit poursuivre les baisses d’impôt sans baisser le niveau global de notre dépense publique ». Car de quelles baisses d’impôts parle-t-il puisque que seuls les plus riches, actionnaires et financiers des grands groupes ont bénéficié de ces cadeaux fiscaux depuis 1 an et demi ? Et la baisse de la dépense publique, voilà donc la seule bonne voie possible braves gens !

Pourquoi avant même qu’il ne commence, le débat sur la politique fiscale et économique devrait-il être clos ?

A bien le lire, il y a surtout un point de cette lettre où le Président de la République dit clairement que rien ne bougera : « Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises… ». Il parle bien entendu, comme par hasard, de la baisse de la fiscalité sur le capital et vis-à-vis des plus riches. C’est bien là le cœur de sa politique et de sa cohérence idéologique.

En clair : pas touche au « coût du capital » nous dit-il ! Pas touche aux 57 milliards d’euros du CAC 40 servis aux actionnaires. Pas touche aux 1 048 milliards d’euros de fortunes personnelles des 350 000 personnes les plus riches de France. Pas touche aux 40 milliards d’euros de CICE donnés gracieusement et sans contrepartie aux grands groupes. Pas touche aux 3,5 milliards d’euros de cadeaux aux gavés de pognon qui payaient l’ISF. Pas touche aux 80 milliards d’euros d’évasion fiscale qui plombent le budget et les moyens dont a besoin le pays pour assurer plus de justice et de services publics partout.

Pourquoi n’aurions-nous pas le droit de parler vraiment d’économie ?

A bien lire la lettre et son ton infantilisant, le Président de la République nous suggère que quand même, l’économie et la fiscalité, c’est « chasse-gardée » de ceux qui savent, les experts libéraux, les financiers des banques, les stars de la bourse et du CAC 40, les éditorialistes de BFM et Compagnie… bref de tous ceux qui sont au service direct ou indirect du capital.

Sur le premier sujet évoqué dans la lettre (Impôts, dépenses et action publiques), vous ne retrouverez pas un seul chiffre sur les maux qui rongent notre société et provoquent tant de désespoir et de colère. Surtout, on n’ouvre pas le débat sur les 5,6 millions de demandeurs d’emploi (inscrits à Pôle Emploi !), sur les 3,5 millions de travailleurs précaires, sur les 9 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté… Pas un chiffre, pas une donnée dans cette lettre sur les hausses de salaires insuffisantes pour couvrir l’inflation, sur les 700 milliards d’euros que la BCE a fourni aux banques depuis 2014 à taux d’intérêt nul ou négatif sans conditions (qui auraient pu être si utiles à l’investissement qui semble préoccuper soudainement le Président de la République), sur les 46 milliards d’euros annuels d’exonérations de cotisations sociales (en dehors des 20 + 20 milliards d’euros de CICE), sur les 65 milliards d’euros de déficit de la balance commerciale (merci les délocalisations que l’on laisse faire)… Pas une seule trace de ces données essentielles et de bien d’autres pour comprendre la situation économique du pays ! Et pour cause cela pourrait donner des idées en montrant que l’on peut agir... mais en s’attaquant au « coût du capital » et pas au « coût du travail » !

Pourquoi passer du temps alors à analyser cette lettre me direz-vous ?

Parce qu'il faut continuer à dévoiler point par point, au quotidien, que les choix qui sont faits, que les souffrances qu’endurent les plus modestes, les salariés, les retraités, ne doivent rien au hasard. Elles sont le produit de choix politiques entretenus depuis 40 ans. Elles sont le produit d'une guerre de classe menée par les possédants, d'une guerre idéologique : celle du capitalisme et du néolibéralisme.

Comme l’a si bien redit la sociologue Monique Pinçon-Charlot, notre boulot (notamment comme militants communistes), c’est de dévoiler et de dévoiler encore, dévoiler ce que ceux qui mènent la bataille idéologique ne veulent pas que l’ensemble des citoyens voient et sachent. Que ce sont les coûts cachés du capital par exemple, ces centaines de milliards d’euros de dividendes, d’intérêts bancaires, d’évasion fiscale qui ruinent notre aspiration au bonheur, au mieux-vivre.

Mais dévoiler pour quoi faire ?

Pour avoir de vrais connaissances et de vrais outils afin de prendre en main directement son avenir, de changer soi-même et par la force collective les choses, de changer de politique tout simplement. Pour savoir qu’avec tout cet argent (contrairement au pouvoir qui rabâche que nous n’avons pas les moyens), on pourrait faire énormément pour l’intérêt général.

Si je dis cela, c’est aussi parce que tous nos échanges entretenus ces dernières semaines avec celles et ceux qui se mobilisent comme « Gilets Jaunes » tournent en réalité autour de cela. Pour les militants communistes que nous sommes, plongés par notre engagement politique dans des débats et des analyses entre militants quasi-permanents (c’est cela aussi la liberté acquise par l’engagement dans un parti politique), nous sommes parfois surpris par certains questionnements ou manières de voir les choses de ceux qui s’engagent souvent pour la première fois. Mais c’est le signe que la machine du capital à masquer cette guerre de classe, à dépolitiser les citoyens, a très bien fonctionné ces 40 dernières années.

Jouons donc notre premier rôle politique, celui de dévoiler, pour que chacune et chacun puisse construire demain le changement politique dont le pays a besoin… En commençant par ne pas se laisser attendrir par la « lettre de mission » du Président des Riches.

André Chassaigne député communiste de Puy de Dome

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