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Parti communiste. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, appelle à amplifier la mobilisation et veut « bousculer » les cadres imposés par le gouvernement au grand débat pour que « les exigences populaires l’envahissent et se traduisent en actes concrets ».

Deux mois se sont écoulés depuis l’acte I des gilets jaunes, qui a bousculé les organisations politiques et syndicales. Quels enseignements en tirez-vous ?

Fabien Roussel C’est un mouvement historique qui va marquer profondément notre pays. C’est plus qu’un mouvement social, il s’agit d’une révolte populaire. Ce n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Face aux mesures prises par le « président des riches » dans son premier budget, dès le mois de janvier 2018 les retraités avaient manifesté contre la hausse de la CSG, puis ce fut au tour du personnel pénitencier, des pompiers, des blouses blanches, du personnel des Ehpad, des cheminots… Des luttes portées par des intersyndicales très larges. Jamais la majorité En marche ! n’a bougé d’un iota. À cause de l’intransigeance du gouvernement, sourd aux souffrances du pays, le doute s’est installé : « Quand on s’unit, on ne nous écoute pas. Qu’est-ce qu’il faut faire pour se faire entendre ? » C’est là le véritable problème démocratique. Emmanuel Macron a oublié qu’il a été élu par 20 % de la population au premier tour et ensuite par défaut face à l’extrême droite. Mais, pour saisir la profondeur de ces mobilisations, il faut revenir à la crise économique de 2008 et au quinquennat de Sarkozy, avec le sauvetage des banques que les Français ont payé. Puis, Hollande est arrivé au pouvoir sur un slogan : « Mon ennemi, c’est la finance. » Il a trompé son électorat. À sa suite, Macron met un coup d’accélérateur ultraviolent à la financiarisation de l’économie. Dix ans de tromperies, d’austérité acharnée ont alimenté cette exaspération, cette colère. C’est un phénomène très profond, qui remet au centre du débat la lutte des classes et la démocratie.

Alors que les revendications des gilets jaunes portent sur la justice sociale, fiscale et démocratique, votre formation, comme le reste de la gauche, ne perce pas dans les sondages, contrairement à l’extrême droite. Pourquoi la gauche ne parvient-elle pas à traduire ces aspirations ?

Fabien Roussel La gauche est trop souvent réduite à l’expérience du quinquennat Hollande, à des déceptions. Pour autant, les aspirations portées par cette révolte populaire, pour beaucoup d’entre elles, rejoignent les valeurs de gauche : la justice sociale et fiscale, la solidarité, le partage des richesses. Quand les gilets jaunes disent : « Pas d’allocation mais une véritable hausse des salaires », ce n’est pas l’extrême droite qui porte cela, c’est la gauche. Mais ces idées ne sont pas celles qui ont été mises en œuvre par le gouvernement Hollande. Donc, il nous faut redonner de la crédibilité à une vraie politique qui répondra aux attentes des Français. Participons à ce mouvement, à cette révolte populaire, même s’il existe de nombreuses contradictions avec parfois des idées qui s’opposent. Menons le débat, alimentons-le.

Le PCF va-t-il participer au grand débat organisé par le gouvernement ?

Fabien Roussel Nous refusons que ce débat se déroule sans espoir, sans perspective et sans les Français. Nous voulons le bousculer, créer les conditions pour que les exigences populaires l’envahissent et se traduisent en actes concrets. Nous y porterons aussi nos propositions. Dès la semaine prochaine, nous mettrons à disposition des cahiers d’espérance et de propositions. À partir de ces initiatives, nous formulerons, en mars, des propositions concrètes et des lois d’initiatives citoyennes. Quand le président de la République ferme la porte de l’ISF ou de l’augmentation des salaires, nous devons l’ouvrir. Il tente de reprendre la main avec quelques concessions pour mieux maintenir son dogme de réduction de la dépense publique. C’est une bataille idéologique qui se mène là. En même temps, pour être entendu, il faut que le mouvement social se poursuive, donc y participer.

Le référendum d’initiative citoyenne cristallise une partie des revendications et des polémiques. De telles consultations directes peuvent-elles suffire à résoudre la crise démocratique ?

Fabien Roussel Soyons ouverts sur ce sujet. Discutons-en. Nous avons défendu un texte de loi pour un référendum d’initiative populaire (RIP) à partir de 500 000 signataires. Pour que ce soit clair, nous sommes contre l’organisation de référendums qui remettent en cause l’IVG, la peine de mort ou le mariage pour tous. Les droits humains et les droits fondamentaux doivent être garantis. Ces consultations doivent être adossées au respect de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ou encore aux conventions internationales comme celle de l’OIT. Mais l’organisation de référendums ne peut répondre seule à la crise démocratique et de défiance vis-à-vis des élus et des partis. Une réforme constitutionnelle profonde doit ouvrir la voie à une VIe République. Toutes les questions doivent être sur la table : consultation citoyenne, construction et application des lois, représentativité, donc rôle des élus… Nous comptons mener le débat car les revendications qui s’expriment à ce sujet sont porteuses de contradictions, et le président de la République compte bien s’en servir. Par exemple, comment des députés pourraient-ils être mieux à l’écoute en étant moins nombreux avec des circonscriptions qui passeraient de 100 000 à 200 000 habitants ?

Dans un contexte où Macron comme Le Pen tentent de limiter le débat à leur face-à-face, comment abordez-vous les prochaines élections européennes ?

Fabien Roussel Depuis 1979 et les premières élections européennes, le PCF a toujours présenté une liste en portant une position originale à gauche. Nous étions les seuls pendant longtemps à contester cette construction purement économique au service des marchés, favorisant la concurrence entre les peuples. Nous serons donc présents en mai pour porter cette voix-là et appeler à la construction d’une autre Europe, respectueuse de la souveraineté des nations, mais qui favorise aussi la co-opération entre les peuples. Nous ne sommes pas favorables au Frexit. Car, comme on le voit avec ce qui se passe en Grande-Bretagne pour préserver la City, sortir de l’Europe n’est pas un projet politique en soi. La question, c’est dans quelle Europe voulons-nous vivre ? Changer de voie passe par la sortie des traités pour une Europe plus solidaire, plus juste, plus humaine. C’est urgent. Si nous ne transformons pas radicalement l’Europe, elle va exploser, livrée aux nationalismes.

Avec des institutions européennes verrouillées, beaucoup doutent que ce soit possible…

Fabien Roussel Le besoin de changer les institutions devient un consensus, on le voit en ce moment à l’échelle de la France. La question, c’est : « Au service de quel projet ? » C’est là que le PCF porte une voix originale. Pour nous, il s’agit de créer un rapport de forces populaire dans chaque pays, mais aussi au Parlement européen. Travaillons avec les forces progressistes des pays européens pour porter des projets, des coopérations qui nous permettent de vivre en paix et de répondre aux besoins des peuples.

Où en êtes-vous de votre liste ?

Fabien Roussel Elle sera aux couleurs du monde du travail et des colères qui s’expriment. Elle sera présentée à notre conseil national le 26 janvier, puis soumise aux communistes à la fin du mois. Plus nombreux seront les communistes qui participeront à cette consultation et plus cette liste aura de force. Nous la présenterons ensuite lors de notre meeting de lancement de campagne, le 5 février à Marseille. Et nous maintiendrons la porte ouverte pour construire une liste avec les forces à gauche qui le souhaiteraient. Les discussions continuent, notamment avec Génération.s.

Vous avez récemment dénoncé l’évasion fiscale pratiquée par Google au siège parisien de l’entreprise, ce sujet sera-t-il un pilier de votre action des mois à venir ?

Fabien Roussel Oui, l’exigence d’une meilleure répartition des richesses, donc de la lutte contre l’évasion fiscale, est largement partagée par nos concitoyens. Notre rencontre avec Google a été riche d’enseignement. Eux-mêmes ont reconnu que, s’ils pratiquent l’optimisation fiscale, c’est parce que c’est permis et que tout le monde le fait. Si les lois changeaient, ils paieraient, disent-ils. Ils sont filous, évidemment, et dirigés par des actionnaires guidés uniquement par la rentabilité, mais si vous leur laissez le moindre espace, ils s’en saisissent. À l’inverse de la taxe très restrictive proposée par le gouvernement, nous défendons le prélèvement à la source de toutes les multinationales, pas seulement des Gafa. Google France a aussi reconnu que s’ils n’osaient pas demander le crédit d’impôt recherche auquel ils pourraient prétendre, ils ne peuvent pas refuser le Cice car ils le reçoivent automatiquement. Le gouvernement verse donc des aides publiques à une entreprise qui n’en a pas besoin, qui réalise d’énormes bénéfices et qui de surcroît pratique l’évasion fiscale ! J’ai donc à nouveau interpellé cette semaine Bruno Le Maire pour connaître le montant de ces aides, entreprise par entreprise. Le gouvernement y oppose traditionnellement le secret industriel. Mais ce n’est plus possible. Les Français ont le droit de savoir.

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