Turquie : Pelin ünker condamnée pour avoir dit la vérité
Le crime de notre consœur ? Avoir publié dans le journal progressiste turc Cumhuriyet, en novembre 2017, une enquête qui révélait l’existence de cinq sociétés maritimes basées à Malte utilisées à des fins d’optimisation fiscale. Les principaux bénéficiaires n’étaient autres que l’ancien premier ministre turc Binali Yildirim (de 2016 à 2018) et ses fils. La cour d’Istanbul qui a jugé les faits a condamné Pelin Ünker pour « insultes et diffamation ». Outre la peine de prison, la journaliste devra payer une amende d’un montant équivalant à 1 400 euros.
Mais en réalité, qu’est-il reproché à Pelin Ünker ? Des fake news ? Pas du tout. Personne, pas même la famille Yildirim, ne nie les informations contenues dans cet article qui est l’un des volets d’une enquête de grande ampleur sur des sociétés servant de paradis fiscaux et lancée dans le cadre des Paradise Papers. « Malgré l’acceptation de l’existence des compagnies, ils ont déposé une plainte et une peine est tombée. C’est une première au monde », explique Pelin Ünker, par ailleurs membre du Consortium international de journalisme d’investigation (Icij). Interrogé par le Guardian, le directeur de l’Icij, Gerard Ryle, dénonce une décision de justice « injuste et qui vise à mettre sous silence un journalisme précis et juste » et condamne « cette nouvelle atteinte à la liberté journalistique sous le régime du président autocrate turc Recep Tayyip Erdogan ».