1er janvier 1959 : Fidel Castro libère Cuba de la dictature et de la domination américaine
En janvier 1959, l’avocat cubain Fidel Castro, aidé d’Ernesto «
Che » Guevara et de quelques dizaines de combattants, les « barbudos »,
est victorieux dans sa guérilla qu’il menait depuis décembre 1956 à
Cuba, son île natale, pour la libérer de la dictature pro-américaine et
corrompue de Batista. Depuis les années 1900, Cuba était en effet sous
la domination économique et sous l’influence politique des Etats-Unis,
et les Cubains vivaient misérables alors que des grandes compagnies
américaines s’enrichissaient en investissant dans le pays et en
exploitant ses ressources.
Le
1er janvier à midi et demi, les hommes de Castro remportent la bataille
décisive de Santa Clara, ville située à près de 300 kilomètres au
Sud-Est de la Havane. La ville de Santa Clara est entièrement libérée.
Batista s’est enfui en avion sur l’île voisine de Saint-Domingue. Les «
barbudos » du Che ont subi de lourdes pertes, près de cent d’entre eux
ont perdu la vie, mais les rebelles sont vainqueurs, la bataille de
Santa Clara est gagnée. Simultanément, c’est aussi la victoire des
rebelles sur les deux autres fronts situés aux deux extrémités du pays.
Au soir de cette journée mémorable, Fidel Castro annonce par radio que
le dernier bastion militaire du pays qui continuait à résister aux
insurgés, à Santiago de Cuba, s’est lui aussi rendu.
A l’aube du 2 janvier, les troupes rebelles commencent à converger
vers La Havane. Le Che et ses hommes se mettent en marche vers la
capitale, éloignée de 300 kilomètres. Sur la route, à tout moment, ils
sont acclamés chaleureusement par la population. Mûrement planifiée et
orchestrée par Castro, cette marche des armées rebelles sur La Havane
est un véritable triomphe. Le 2 janvier 1959, l’armée, menée par le
guérillero cubain Camilo Cienfuegos, entre dans la forteresse de
Columbia, place-forte de l’armée au cœur de la capitale.
De tous les « barbudos », c’est Fidel Castro qui apparaît comme le
grand leader. Tout le long de son trajet il est acclamé par une
population fervente. Il arrive à La Havane avec ses « barbudos » le 8
janvier 1959, six jours après Cienfuegos et Guevara, sous les vivats.
L’événement a une portée non seulement nationale mais internationale. En
effet, dans ce qui est considéré depuis des décennies par les
États-Unis comme leur zone d’influence, Fidel Castro a réussi à
renverser le dirigeant placé par le gouvernement américain. Cet
événement tranche avec la situation dans les pays voisins : dans l’île
proche de Saint-Domingue sévit depuis 1930 la dictature de Trujillo,
avec le soutien des États-Unis ; au Nicaragua, les États-Unis ont
favorisé l’arrivée au pouvoir du dictateur Anastasio Somoza Garcia, dès
1937, auquel a succédé en 1956 son fils Luis Somoza Debayle ; au
Guatemala, depuis le coup d’État organisé en 1954 par la CIA, une junte
militaire dirigée par le général Carlos Castillo Armas est au pouvoir,
sous le contrôle étroit des États-Unis. La révolution cubaine provoque
donc un choc dans l’opinion internationale.
Parmi les premières mesures prises par Castro en janvier 1959, la
suspension des expulsions des locataires obtient une grande popularité
auprès de la population urbaine. En mars 1959, Castro proclame la
réduction de moitié du prix de tous les loyers.
Cependant, assez rapidement, la pratique du pouvoir tranche avec la
modération des paroles de Castro. Celui-ci organise une épuration :
environ deux cents personnes sont exécutées, essentiellement des
criminels et des collaborateurs parmi les plus corrompus du régime de
Batista. Pour pouvoir faire cela, Castro opère une modification dans la
Constitution cubaine de 1940, qui interdisait la peine de mort. Castro
charge Guevara de superviser cette épuration.
En février 1959, Castro devient officiellement Premier ministre de
Cuba. Et, dès le début de l’année 1959, tous les partis politiques sont
officiellement dissous. Seul le PSP, parti communiste cubain, continue à
exister de fait et joue un rôle croissant.
Fidel Castro confie au Che la préparation d’une réforme agraire. Il
la promulgue en mai 1959. Elle interdit totalement les latifundia
(grandes propriétés terriennes) et limite la propriété privée de la
terre à une taille maximale de 400 hectares, et à une taille minimale de
27 hectares. Cette loi améliorera nettement la situation des paysans
cubains.
A partir de février 1962, les Etats-Unis décident de soumettre Cuba
à un sévère blocus, à la suite des nationalisations décidées par
Castro, qui ont exproprié des compagnies américaines. Ce blocus, qui a
duré pour l’essentiel jusqu’en 2014, a fortement affecté l’économie
cubaine.
Au final, durant ses quelque 50 ans à la tête de Cuba, Fidel Castro
aura réellement amélioré les conditions de santé et d’éducation des
Cubains, mais au prix d’un régime autoritaire.