Noël, couleurs d'Algérie avec Lilya, Nadia, Ouarda, Zoubida, Keltoum
Elles sont cinq à avoir relevé le défi proposé par Mosaik Radios : proposer un poème, un texte, un dessin autour de la magie de Noël. Merci à elles, Lilya Nadia Bouziane pour le dessin, Belkacemi Nadia, Ouarda Baziz Cherifi, Keltoum Deffous et Zoubida Belkacem pour les textes. Un grand merci !
JE NE VEUX PLUS DE VOS FETES
Aujourd'hui, je n'ai plus envie
Ni de vos fêtes sans âme ni de vos cérémonies
Ni de vos chocolats, ni de vos boîtes cadeaux
Ni de vos chants pour la paix, de vos calomnies
Vos offrandes, la peine du monde, son fardeau
Aujourd'hui, je n' ai plus envie
Nos avenues de figures sombres sont envahies
Leurs plaintes étouffées dans des villes gelées
Enfants affamés, ôtés de leur innocence, trahis
Vieillesse laissée à la mort, dépouillée esseulée
Aujourd'hui je n'ai plus envie
De cette obstination de vivre sans espoir ni joie
Où je n'ai pas de place ni dans vos coeurs vides
Ni dans vos lieux de culte froids, sans foi, ni loi
Je ne veux plus de vos fêtes, cet enfer stupide
Aujourd'hui je n'ai plus envie
De vos réjouissances honteuses en solitaires
En privilégiés, vous vous les payez à prix d'or
Tandis que les démunis cloîtrés dans la misère
Vous les accablez de tous les noms et les torts
Non, aujourd'hui je n'ai plus envie
Ni de vos fêtes, ni de vos cadeaux malodorants
Besoin de chaleur et de sourires sans colorant
Besoin d'innocence, de monde bonne enfant
De forêts, de mer bleue, de banquise et d'océan
Keltoum Deffous, Constantine, le 25/12/2018
On lui demanda brusquement ses papiers, ses rêves d'envol s'écrasèrent au sol...
il se rappela, brutalement, que la poésie ne peut rien contre la répression des frontières...
ses mots pourront toujours voyager mais son corps est un lourd bagage ...
« Nous avons quand même une consolation: nous vivons du coté du monde le plus peuplé en rêves, car la vie réelle y est castratrice...chaque soir, une conteuse vient nous amuser avec les frasques de quelque roi idiot! » lui avait-elle dit, alors, pour le rassurer. Il la regarda s’éloigner tandis que l’hôtesse le pressait, poliment, de gagner la salle d’embarquement. Il rentrait chez-lui dans son cœur un peu de soleil, de poussières …
La nostalgie l’enveloppait déjà : elle prenait une partie de lui, celle qu’il venait à peine de découvrir. On ne peut pas dire qu’il l’avait aimé mais il était sur que si on fouillait soigneusement ses bagages, on l’y trouverait. Ses mots envahissaient sa tète aux moments ou ils les attendaient le moins, l’entrainaient loin de ses rêves de voyages vers des contrées bien connues,
mais ou tel un marin débutant, il faisait toujours naufrage…
-Tu verras, chez-moi tu serais plus libre ? -Donc, tu as fait tout ce voyage pour gouter à un peu de servitude, chez-moi ???? Il se sentit ridicule dans sa prétention de proposer la liberté, la sienne à une personne qui n’en demandait rien. -Tu sais la liberté, c’est un choix indépendant du lieu ou l’on se trouve .Si tu me juges pas assez libre, c’est que je n’ai certainement pas le courage de l’être donc cette couardise m’accompagnera et je te contaminerai, peut-être téméraire chevalier !!!! -Mais chez-moi, tu sortirais à toute heure, t’habillerais comme il te plaira .Tu n’aurais plus ces regards qui t’aliènent…
-Dans quel livre as-tu lu cette définition de la liberté ? …
Il me semble avoir pourtant toute la littérature sur le sujet, les classiques, les nouveaux…
La liberté que j’y retrouve est celle que je transporte dans ma tète, mon cœur…
-Tu te rends compte de ce que certains voudraient t’imposer ici ? -Et toi, tu as compris que jusqu’au bout, je ne me laisserai pas faire…
-Alors pourquoi cette tristesse dans ton regard ? -Parce que parfois ce fardeau me semble, injustement, lourd…
-Alors viens avec moi…
-Tu es bien généreux de me prendre ainsi alourdie… -Jette-le… -Je ne peux pas jeter ce que je suis …
Je suis née avec, je ne différencie plus ce qui m’encombre de ce qui me construit…
Tu pourrais te retrouver avec une coquille vide !!!! Il se tut. Les choses étaient si claires dans son cerveau, cependant, il était bien trop juste pour ne pas voir qu’elles l’étaient dans le sien aussi. L’avion descendait tout doucement, les lumières plus brillantes que d’ordinaire lui rappelèrent que c’était Noël. Noël…
Une fête qu’il n’aimait pas trop mais qu’il espérait lui offrir en cadeau de bienvenue. Il aurait voulu voir les lumières se refléter dans son regard s’éveillant de la lassitude, de la torpeur de sa vie aux milles contraintes, aux innombrables prescriptions, aux nombreux interdits mais qui ne l’avaient pas empêché d’écrire des poèmes…
C’était peut-être ça aussi la liberté… Ce soir il ira s’offrir une cuite chez ses amis…
Demain, il s’offrira un bon café, bien corsé…
Allumera son ordinateur…
Il racontera ce qu’il avait vu de l’autre coté de la mer…
Partagera des anecdotes de Noël avec ses amis …
Retrouvera ses repères plutôt que ses croyances… Se demandera ce qu’elle faisait à l’instant même…
-j’écris pour me délester de ma charge, le temps de m’envoler vers toi déposer un poème, florilège de tous tes étonnements, de tes multiples indignations qui ne changeront, pourtant, rien…
C’est mon Cadeau de Noël…
Quand même…
-Décembre 2012-
Belkacemi Nadia.
L'esprit de Noël est déjà là!
Il y' a toujours en nous un gamin qui se prélasse.
D'habitude, je suis plutôt lecture que télé.
Mais, en cette période d'année,
qui va bientôt s'achever
pour laisser entrer une nouvelle avec tous ses mystères,
j'aime m' imprégner de l'esprit de Noël ,
même si je ne le fête pas!
Comme les gens sont bons, beaux et tolérants!
Comme la vie est belle, paisible et harmonieuse!
Comme le vent est doux et comme la neige est abondante!
De la magie, à en crever l’écran.
Toutes ces histoires d'Amour,
de romances romantiques,
de gouvernantes qui épousent leurs veufs de maîtres,
tous ces orphelins qui se font de nouvelles mères,
tous ces malades qui guérissent,
tous ces chevaux et chiens qu'on soigne,
tous ces étrangers qui s’intègrent,
tous ces riches qui donnent
et tous ces pauvres qu'on affectionne,
me laissent tellement nostalgique de mes rêves qui ,faute de moyens,
n'ont pas tous quitté ces tombes obscures où ils hibernent indéfiniment.
J'adore regarder tous ces films
dont la moralité manque à ce monde de brutes qui nous commande.
Je suis Heidi. Je suis Cendrillon.
Je suis Leila. Je suis Blanche neige.
Surtout, ne me dérangez pas
et ne m'en voulez pas de flirter avec l'esprit de Noël en attendant,
l'esprit de l' Aid où les Comédiens sortent de leurs loges
pour monter sur les planches et incarner des rôles de braves,
de pieux, d'anges, d'innocents, le temps d'un court laps de temps,
avant que le temps de cette mise en scène
se termine et leur ôte tous leurs costumes de scènes,
pour redevenir des truands, des brutes,
des démons, des cupidons et des faiseurs de troubles.
Je suis en pèlerinage dans l'esprit de Noël
et je me ressource de toutes ces fictions
qui me propulsent dans le monde de la rêverie,
moi qui adore rêver.
Je m'en fous d’être moche et vieille, d’être grosse et bête,j
e suis rêveuse et rêver est ma crème anti-rides!
J'adore l'esprit de Noël, je suis zen
et je m'en fous de vivre une autre époque
puisque celle qui m'a été destinée est dépourvue de rêves.
aujourd'hui, mes films ont parlé d'amour,
de fratrie, de fleurs, de guirlandes, de lumière, de pudeur, de liens qui se tissent.
Demain, un autre film, une autre histoire subtile et subjuguante!
Je profite tant que l'esprit de Noël me le permet....
Ouarda Baziz Cherifi
LA MAGIE DE NOEL
Au coin de ma cheminée
Un sapin constellé
de lumière
Enveloppée de douceur et de volupté.
Quel bonheur
!!...ce lâcher prise, ce laisser aller
Bercée par le crépitement
des bûches animées
Allongé là au pied du brasier
Un chat ronronnant, s'étire de
félicité
Engourdi par le crissement du bûcher.
Il savoure un
instant de calme et de sérénité.
Quel doux moment de complicité
Entre les proses et les rimes à
partager
Plongée dans la torpeur et la magie.
Cette dimension
céleste qui me nourrie
Ô magie de Noël , grâce et contemplation
Les Rois mages
apparaissent comme par enchantement .
Ils arrivent porteurs
d'espoir en cette nativité
Messagers des cieux pour l'humanité.
Ô magie du feu qui danse dans bruit
Au coin de l'âtre , dans
une belle symphonie
Dans une salle d'opéra semi -obscure
Où
seules des ombres s'aventurent.
Un instant sacré de lumières et de splendeurs
Où la halte
n'est qu'instant de silence
Les heures s'égrénent dans la
somnolence
Je ferme les yeux dans une semie torpeur
Des douces
caresses me réchauffent le coeur
Une chevelure flamboyante
Éclairée de rougeurs ardentes.
Des
elfes et des fées animant un ballet sous mes yeux
Leurs éclats
de rires retentissent joyeux.
Zoubida Belkacem