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La « liberté de choix » promise par Jean-Michel Blanquer avec ses réformes du bac et du lycée est un mensonge. Les inégalités scolaires et sociales seront aggravées et l’injustice de Parcoursup décuplée.

Une main de fer dans un gant de blabla. C’est la technique Blanquer pour décaper l’éducation nationale du sol au plafond : lancer des slogans à même de séduire, au premier abord, les familles, et, tout à trac, imposer au pas de charge et sabre au clair des vagues de « réformes » qui viennent de loin, si serrées et si violentes que leurs victimes n’en prennent conscience qu’une fois qu’elles leur sont tombées dessus. Avec les premières vraies informations sur la carte des « spécialités », qui seront proposées aux élèves de première dès la rentrée prochaine, c’est le nouveau lycée qui révèle son vrai visage. Et il est effrayant.

Côté slogans, pour jeter aux orties les anciennes filières du bac (A, ES, S…), Jean-Michel Blanquer a vendu la « liberté de choix » : « Nous vous proposons de choisir trois enseignements de spécialité en première, lance-t-il aux lycéens dans une vidéo de promotion aux accents de camelot de foire, puis deux en terminale (…), en fonction de vos goûts et de vos aspirations. » Mais les premières cartes des spécialités par académies, qui ont commencé à être rendues publiques cette semaine, font litière de ces affirmations mensongères.

Certaines spécialités seront quasi inexistantes

Résumons : douze spécialités seront proposées dans le cadre de la réforme, l’élève devant en choisir trois en première (pour 4 heures par semaine chacune) puis deux parmi ces trois en terminale (pour 6 heures/semaine chacune). Sept doivent être, assurait le ministre il y a peu, accessibles dans chaque lycée : mensonge. Ces sept spécialités [histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ; humanités, littérature et philosophie ; langues, littératures et cultures étrangères ; mathématiques ; physique-chimie ; sciences de la vie et de la Terre (SVT) ; sciences économiques et sociales (SES)] seront en fait proposées dans un « bassin » de plusieurs lycées. Illustration : dans l’académie de Rouen, les élèves du lycée de Lillebonne (Seine-Maritime) qui choisiraient la spécialité SES devraient aller à Fécamp ou au Havre pour la suivre. Soit à 40 km dans tous les cas.

Pour les cinq spécialités restantes [arts ; littérature, langues et cultures de l’Antiquité (LCA) ; numérique et sciences informatiques (NSI) ; sciences de l’ingénieur ; biologie-écologie], c’est encore pire : leur existence est garantie, non pas dans chaque bassin scolaire, mais simplement par académie. Laquelle inclut les établissements… privés ! Claire Guéville, cosecrétaire nationale du Snes-FSU (premier syndicat du second degré), prend l’exemple de Dieppe, où elle enseigne : « Sur les quatre lycées de la ville, le seul à proposer la spécialité LCA sera… le lycée privé. » Et, précise-t-elle, on n’a à l’heure actuelle aucune visibilité sur les conditions – y compris financières – dans lesquelles les élèves du public pourraient suivre ces cours dans un lycée privé.

Dans une grande académie comme celle de Créteil, regroupant les départements de Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne, certaines spécialités seront quasi inexistantes : sur les 112 lycées de l’académie, 7 seulement offriront la spécialité « cinéma et audiovisuel », 7 autres la spécialité « théâtre ». Et encore s’agit-il là de sections particulières de la spécialité « arts ». Mais LCA, qui s’adresse a priori à un public plus large, ne sera proposée que dans 17 lycées de l’académie ! De quelle « liberté de choisir » ose parler le ministre quand il faudra être prêt à assumer des heures de transport (quand ceux-ci existent…) pour suivre une matière ? Les lycéens de milieu rural et des banlieues seront évidemment les plus touchés par ces inégalités territoriales.

Certains rectorats démarchent actuellement des professeurs

Mais il y a pire encore. La spécialité NSI, annoncée à grands renforts publicitaires pour bien montrer le caractère novateur du projet Blanquer… n’existe pas ! Plus précisément, il n’y a pas d’enseignants pour l’assurer, puisqu’elle ne fait l’objet d’aucun concours de recrutement. Certains rectorats démarchent actuellement des professeurs, principalement de maths ou de sciences physiques, en leur proposant une formation universitaire de deux ans… alors que cet enseignement doit débuter en septembre prochain !

La conséquence est prévisible : certaines spécialités annoncées aujourd’hui disparaîtront en juin, faute de pouvoir les concrétiser ; d’autres risquent aussi de s’évaporer par manque d’élèves, en raison des contraintes que ceux-ci devraient accepter pour les suivre. Les enseignements artistiques, les lettres classiques, certaines langues (allemand, espagnol…) en feront principalement les frais. Surtout, ce qui se dessine c’est – à l’inverse encore une fois des discours du ministre, mais dans la très droite ligne de ses objectifs politiques – « une carte des formations qui préserve la diversité de l’offre dans les établissements aujourd’hui les mieux dotés, et sacrifie les autres », résume Claire Guéville.

La menace est d’autant plus grave que, avec Parcoursup et une réforme du bac qui instaure une part de contrôle continu, le critère du lycée d’origine, selon qu’il soit bien coté ou pas, sera encore plus prépondérant qu’aujourd’hui pour la suite. Cela signifie, concrètement, que l’orientation de fin de troisième vers tel ou tel lycée, sans guère de possibilité d’en changer par la suite, sera déjà déterminante pour la poursuite des études après le bac : une fois l’élève entré dans un « tuyau », il lui sera très difficile d’en sortir, quelle que soit sa valeur, quels que soient ses efforts ou son travail. En se mobilisant ces dernières semaines, les lycéens avaient déjà en ligne de mire ces menaces. Elles ne font que se préciser – et s’aggraver.

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