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C’est un joli nom camarade – L’empreinte Ferrat illustre l’acuité de la plume et l’engagement visionnaire du poète disparu. Entretien avec Thomas Pitiot, initiateur de ce CD collectif.

Quel tendre et fort hommage rend à Jean Ferrat le CD C’est un joli nom camarade – L’empreinte Ferrat ! À la suite du succès du spectacle créé en 2014 au festival Aubercail, l’essentiel artiste Thomas Pitiot a initié cet album de reprises et réuni un collectif d’artistes, dont 14 interprètes (voir notre encadré), issus d’horizons divers, chanson, hip-hop, chant lyrique, etc. Un rock ouvert, chaleureux, embrasse ici une biguine et là le sensuel ondoiement d’une mélodie. Accordéon vagabond, palpitation urbaine, guitares fougueuses ou pop apaisée… La modernité musicale illustre l’universalité du répertoire. L’interprétation, les arrangements, tout met en lumière l’acuité éminemment actuelle de la poésie et de l’engagement de l’humble géant disparu en 2010. Merci, camarades artistes, d’attiser la flamme Ferrat, avec grâce et fulgurance.

Zora interprète En groupe, en ligue, en procession. Si Ferrat était encore là, soutiendrait-il, selon vous, les gilets jaunes ?

THOMAS PITIOT Impossible de savoir quelle position il aurait prise. Mais si je m’en tiens à ses propos sur les rapports de classe, je pense qu’il n’aurait pas méprisé les individus qui se rassemblent pour exprimer une colère. Parmi les gilets jaunes, il y a des tas de gens désespérés, égarés politiquement, prêts à céder aux analyses les plus grossières certes, et qui sont économiquement et socialement en souffrance. Il est question, même de façon désordonnée et parfois mal exprimée, d’une lutte contre l’injustice et la survivance des privilèges. Il me semble que Ferrat l’aurait interprété ainsi, en condamnant évidemment les actes racistes et les propos réactionnaires qui accompagnent ce mouvement portant en lui bien des contradictions, à l’image de ce qu’un peuple en mouvement donne à voir de sa complexité. Parmi les gilets jaunes, il y a à la fois du Sardou et du Ferrat. Faisons en sorte que le Ferrat l’emporte !

Auteur de La femme est l’avenir de l’homme (1975), chanson extraite de l’album studio éponyme, ici chanté par Florence Naprix, Ferrat n’est-il pas en totale résonance avec les mobilisations actuelles des femmes ?

THOMAS PITIOT Cette chanson n’est pas simplement une déclaration de bonne intention. Elle entre déjà dans le détail des revendications féministes, lorsqu’elle dénonce « les vieilles malédictions », c’est-à-dire la séculaire histoire du patriarcat et la façon dont les inégalités de genre sont profondément ancrées. Elle dit l’urgence de « réapprendre à vivre, d’ensemble écrire un nouveau livre ». Les hommes sont eux aussi victimes de cette éducation, il est indispensable qu’ils s’engagent dans ce mouvement. Être humaniste, c’est nécessairement être féministe.

Tedji reprend le Bruit des bottes. Aujourd’hui, aux quatre coins du monde, on entend retentir le bruit des bottes…

THOMAS PITIOT Encore une chanson très actuelle, dont le texte est signé de Guy Thomas, auteur important à mes yeux. Malheureusement, on voit les tendances autoritaires s’installer et perdurer sur tous les continents. Sans vouloir dédouaner les peuples qui portent au pouvoir des individus aux âmes de dictateurs, je pense que le système libéral a violenté les êtres humains à un tel point que nombreux sont ceux qui se sentent réconfortés par une autorité décomplexée. C’est le même problème que pour les gilets jaunes. Comment nous libérons-nous de l’oligarchie capitaliste ? Par l’intelligence collective ou l’autorité d’un individu ou d’un clan ? Le bruit des bottes est très présent en France aussi. Il n’y a qu’à lire le récent rapport d’Amnesty International. Les méthodes de répression s’intensifient et la surveillance des citoyens s’élargit. Le pouvoir sent la colère monter de toutes parts et s’organise militairement pour les années à venir.

Avez-vous rencontré Jean Ferrat ?

THOMAS PITIOT Francesca Solleville m’a présenté à lui en 2005, au festival de Barjac, dans le Gard, un lieu de résistance pour la chanson de caractère. Jean était parrain du festival. J’ai appris, au cours des années, à vite reconnaître les artistes qui sont les mêmes sur scène, dans leurs textes, et dans la vie. Ferrat était de ceux-là, sans aucun doute.

Entretien réalisé par Fara C. l'Humanité

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