Effondrement du viaduc de Gênes : un défaut de conception ?
Par Amar Bellal, rédacteur en chef de Progressistes, professeur agrégé de génie civil.
L'enquête
du drame en Italie nous éclairera sur les raisons de la rupture du
pont, la part liée à la conception, mais aussi à la maintenance et à la
surveillance qui ont fait gravement défaut. Mais dans un premier temps
ce qui est frappant avec ces ponts dit "Morandi" c'est la conception des
haubans réalisés en béton précontraint et ce point est vraiment
surprenant... d'habitude, un hauban est un cable constitué de torons en
acier, pour qu'il puisse se déformer et donner de la flexibilité au
tablier et qu il puisse se déplacer...et il y en a de nombreux...assurer
cette fonction avec du béton, même précontraint, c'est osé, d'autant
qu' il suffit d'un peu de retrait (phénomène de raccourcissement du
béton) et la fonction n'est plus correctement assurée ...on comprend
mieux alors les critiques et polémiques autour de la "trop forte
raideur" de cette construction pointée par le professeur italien de la
faculté de Gènes, Antonio Brencich, cité abondamment dans les médias
et pourquoi aussi il le lie au problème du "retrait" du béton.
Accessoirement il faut que ces haubans soient accessibles pour les
nécessaires contrôles, pour la maintenance, pour les remplacer
facilement : pour des câbles en acier c'est assez facile, mais pour une
longue poutre précontrainte inclinée, c'est beaucoup moins évident à
faire.
Oui on peut vraiment parler de conception dépassée et même d un
pari technique très risqué ... on comprend aussi qu il y en ait eu si
peu construit dans le Monde (3 visiblement)
Et si on ajoute à ces difficultés une sous estimation des contrôles
et de la maintenance de ces ouvrages par des décideurs en Italie qui
n'écoutent pas les alertes des scientifiques et ingénieurs, et les
politiques d'austérité aggravant ce penchant, ce genre de drame devient
inévitable.
Amar Bellal, rédacteur en chef de Progressistes, professeur agrégé de génie civil